Ça sent le sapin
titre original | "Dexter: New Blood" |
année de production | 2021-2022 |
réalisation | Marcos Siega (6 épisodes) et Sanford Bookstaver (4 épisodes) |
musique | Pat Irwin |
interprétation | Michael C. Hall, Jack Alcott, Julia Jones, Johnny Sequoyah, Alano Miller, Jennifer Carpenter, Clancy Brown, David Zayas |
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
C’est avec impatience que tous les fans de "Dexter" (série produite par Showtime) attendaient le chapitre conclusif de leur série culte, qui les avait tenus en haleine durant huit saisons bien remplies entre 2006 et 2013. La fin de la saison 8, plutôt apocalyptique, laissait les fans en question sur un gros point d’interrogation. Qu’était devenu Dexter Morgan après s’être engouffré avec son bateau au cœur de l’ouragan ravageant Miami ? Une saison conclusive à défaut d’une reprise de la série était à tout le moins attendue.
À la fin 2021, après les retards de diffusion liés à la pandémie coronavirus, l’attente était enfin récompensée. Dexter Morgan, bien sûr campé par Michael C. Hall, fait sa réapparition dans une petite bourgade de l’État de New York où, incognito sous le nom de Jim Lindsay, il semble se fondre parfaitement à la population locale, occupant un emploi anonyme dans une boutique de vente d’ustensiles de chasse et de pêche. Vivant dans une modeste mais confortable maison aux abords de la forêt, Dexter pimente quelque peu sa vie peinarde, grâce à une idylle avec Angela (Julia Jones), une policière locale. De temps à autre, le fantôme de sa sœur Debra (Jennifer Carpenter), qui a remplacé celui de son père, vient tout de même lui rappeler les préceptes indispensables à respecter pour ne pas voir à nouveau réapparaître le funeste « cavalier noir » qui lui a valu tant de déboires durant les huit premières saisons. Mais Dexter un peu vieilli semble décidément bien assagi après dix ans d’abstinence.
Le scénario particulièrement bien ficelé de "Dexter: New Blood" prend un malin plaisir à jouer avec le spectateur qui ne se demande pas si Dexter va bientôt déplier à nouveau sa fameuse "table mortuaire » où tant de serial-killers sont venus s'échouer, mais plutôt quand. Les choses vont néanmoins s’emballer quand son fils Harrison (Jack Alcott) finit par le retrouver et que simultanément, le rejeton d’un potentat de la petite ville (Clancy Brown) va tuer le cerf blanc que Dexter suit régulièrement, le mettant en joug avec son fusil à lunette pour tester sa capacité à ne plus tuer aucun être vivant. Dès lors, la macabre machine se remet en route, malgré les admonestations de Debra qui redoute que Dexter n’inocule à son fils le poison mortel.
Fort de tous ces ingrédients, cette ultime saison, dépaysante tout en restant familière pour les fans, remplit parfaitement son office pour conclure proprement, et surtout de façon morale, une série dont la hardiesse narrative ne serait peut-être plus possible près de quinze ans après sa sortie. Quant à Michael C. Hall, il est toujours aussi convaincant, secondé par un casting tout-à-fait honorable, même si l’on regrettera la présence trop épisodique de Jennifer Carpenter, inoubliable Debra Morgan, illuminant de sa verve, de son innocence et de son sourire ravageur les huit premières saisons.