titre original | "Conan the Barbarian" |
année de production | 1982 |
réalisation | John Milius |
scénario | John Milius et Oliver Stone, d'après les récits de Robert E. Howard |
photographie | Duke Callaghan |
musique | Basil Poledouris |
interprétation | Arnold Schwarzenegger, James Earl Jones, Max von Sydow, Sandahl Bergman, Mako |
suite | "Conan le destructeur", Richard Fleischer, 1984 |
version suivante | "Conan", Marcus Nispel, 2011 |
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
Très bon film, très bien filmé, avec une cruauté permanente et quelque peu perverse. Sandahl Bergman, danseuse de son état, est fort belle. Dans les épisodes suivants, les producteurs réussirent à gommer la violence afin de capter un public plus jeune. Erreur funeste !
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
C'est sans aucun doute grâce au succès planétaire de "Conan le barbare" qu'Arnold Schwarzenegger a pu entamer la carrière qui l'a amené au panthéon des acteurs les plus rentables d'Hollywood, à défaut d'en être reconnu comme l'un des plus talentueux. En 1982, quand sort le film, l'Autrichien est installé depuis près de douze ans aux États-Unis où il poursuit son parcours de culturiste (5 fois sacré Mister Univers et 7 fois Mister Olympia) tout en tentant de percer dans le cinéma.
Il décroche bien quelques apparitions dans des films comme "Le Privé" de Robert Altman ou dans "Stay Hungry" de Bob Rafelson, dans lesquels ses biceps et ses pectoraux sont mis en avant, mais rien de notable qui lui permette de se faire une place au sein de la Mecque du cinéma. C'est le visionnage du documentaire "Pumping Iron" (George Butler, 1977) par Edward Summer et Edward R. Pressman, deux producteurs envisageant de transposer à l'écran l'univers fantastique créé de toute pièce par l'auteur de science-fiction Robert E. Howard à travers son personnage de Conan, qui leur fait penser que la stature du célèbre culturiste pourra lui permettre d'être tout à fait crédible dans le personnage malgré son inexpérience d'acteur.
Le projet, qui est initié depuis 1975, passe par bien des vicissitudes avant que Dino De Laurentiis, associé à Universal, ne prenne les affaires en main, confiant la réalisation à John Milius après que Ridley Scott et Alan Parker aient décliné l'offre qui leur avait été faite. John Milius, qui avait rédigé le premier scénario, accepte le défi à la condition de réécrire en partie la dernière mouture émanant d'Oliver Stone pour le rendre moins violent et moins axé sur le fantastique. Le tournage se déroule en Espagne dans la région d'Almeria et dans des studios proches de Madrid.
Le film sera un énorme succès commercial malgré son esthétique kitsch et l'interprétation naïve proposée par Schwarzenegger qui sera, dès lors et pour longtemps, catalogué comme un acteur à l'expressivité quasi nulle avant que son élection au poste de gouverneur de Californie en 2003 n'amène les critiques à détecter puis à louer la dérision qui teintait la plupart de ses interprétations dès le deuxième "Terminator".
Mais cette réhabilitation tardive n'a pas bénéficié à "Conan le barbare", qui jouit toujours d'une réputation peu flatteuse auprès des cinéphiles et de l'intelligentsia l'ayant assimilé dès sa sortie comme un succédané des péplums de Cineccità des années 1960, où les Steve Reeves, Reg Park et autres Gordon Scott faisaient s'écrouler de leurs seuls bras, temples et palais en carton-pâte. Quelques décennies ayant passé, on peut poser un regard moins sévère sur ce film épique qui délivre, certes, son lot de clichés et de situations un peu ridicules, mais qui offre, outre de superbes décors et une musique somptueuse de Basil Poledouris, une succession de scènes très adroitement réalisées par John Milius et parfaitement agencées au sein d'une progression dramatique qui évite l'ennui grâce à une cohérence venant compenser sa simplicité.
James Earl Jones, Max von Sydow ou encore Makoto Iwamatsu viennent utilement prêter main forte à un Arnold Schwarzenegger, dont la relative candeur qui ressort de son visage encore poupon, si elle peut prêter à sourire, dégage une fraîcheur aussi convaincante que sa musculature. Une candeur qu'il faut tenter d'adopter soi-même pour se laisser entrainer dans les aventures de "Conan le barbare", qui reprendra l'épée deux ans plus tard sous la houlette du vétéran Richard Fleischer ("Conan le destructeur").
La chronique de Gilles Penso