titre original | "Cold in July" |
année de production | 2014 |
réalisation | Jim Mickle |
scénario | Jim Mickle |
interprétation | Michael C. Hall, Sam Shepard, Don Johnson |
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
Jim Mickle, jeune cinéaste indépendant, commence à se faire un nom grâce à ce quatrième film gentiment encensé par la critique après avoir été présenté à Cannes, Deauville et Sundance. Depuis Jim Mickle est comparé sans doute un peu hâtivement aux frères Coen des débuts, en raison de la dose d'humour féroce qu'il distille de temps à autre dans ce film noir, véritable plaidoyer contre le recours à l'auto-défense vu comme l'alpha et l'oméga d'une sécurité garantie par une société américaine où l'on n'est jamais mieux servi que par soi-même.
Nous sommes en 1989 dans une bourgade du Texas profond. Richard Dane (Michael C. Hall), encadreur de métier et homme de rigueur par nature, est surpris dans son sommeil avec sa famille par un cambrioleur. Il le tue accidentellement sans que ce dernier ne l'ait menacé en aucune façon. Il n'en faut pas plus au pays de Jesse James pour que Dane devienne un héros. Pétri de remords, il se trouve encore plus déstabilisé quand Russel (Sam Shepard), le père de sa victime, un ancien repris de justice, semble vouloir venger la mort de son fils. Effrayé, il comprend que l'engrenage de la violence est enclenché, la police refusant étrangement d'assurer sa protection. Se rapprochant bizarrement de Russel, il va mener l'enquête sur une vérité tout faite qui ne parait plus si évidente. Aidé de Jim Bod (Don Johnson), détective baroque, compagnon d'armes de Russel en Corée, ils vont remonter une piste qui va les mener jusque dans l'univers glauque des snuff movies.
À partir de ce moment et grâce à l'arrivée du toujours réjouissant Don Johnson, bon pied bon œil, le film propose un savoureux cocktail entre suspense et humour machiste assumé qui permet de surmonter les incohérences assez grossières d'un scénario qui aurait gagné à être plus travaillé. Vu le matériau d'origine, cela ne semblait pas insurmontable. Les deux mutiques que sont Richard Dane et Russel vont être joyeusement bousculés par un Jim Bod aux extravagances qui ne cadrent pas avec un professionnalisme rarement mis en défaut. C'est ce côté iconoclaste très plaisant qui a fait penser certains à une parenté avec les frères Coen, mais dans ce domaine, il faut quand même reconnaître que Jim Mickle n'affiche pas encore la même folie que les deux frangins quand ils étaient à leur meilleur ("Miller's Crossing", "The Big Lebowski").
Toutefois, ne boudons pas notre plaisir devant ce thriller de bonne facture, qui a la bonne idée d'associer deux pointures des années 80 toujours vaillantes au héros mythique de la série télévisée "Dexter".
Jim Mickle semble en avoir sous la pédale comme on dit, et ses prochains travaux seront à regarder avec le plus grand intérêt.