« A free press, like a free life, sir, is always in danger. »
titre original | "Deadline - U.S.A." |
année de production | 1952 |
réalisation | Richard Brooks |
scénario | Richard Brooks |
photographie | Milton R. Krasner |
musique | Cyril J. Mockridge (et Sol Kaplan, non crédité) |
production | Sol C. Siegel |
interprétation | Humphrey Bogart, Ethel Barrymore, Kim Hunter, Ed Begley, Warren Stevens, Paul Stewart, Martin Gabel, Joe De Santis, Joyce Mackenzie, Audrey Christie, Fay Baker, Jim Backus |
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
L'un des meilleurs films sur la presse écrite. Pas étonnant : Richard Brooks, l'auteur-réalisateur, fut lui-même journaliste et sait de quoi il parle. Fondé sur des faits réels (en l'occurrence la disparition du New York World après la mort de Joseph Pulitzer), "Bas les masques" défend avec virulence la liberté de la presse et s'en prend farouchement à ceux qui la menacent : les groupes de pression divers et variés (ici le gangstérisme tout-puissant) et les intérêts mercantiles (si des journaux achètent d'autres journaux, ils éliminent la concurrence et font obstacle au pluralisme nécessaire au quatrième pouvoir). Le thème – en soi passionnant – n'est pas tout. Il faut également souligner la quasi-perfection d'un scénario très concis et solidement charpenté, dont la puissance dramatique indéniable trouve un point d'orgue dans la magnifique scène finale. Il faut louer aussi la mise en scène sans fioritures qui illustre le plus efficacement du monde une histoire forte et courageuse. [...]
Critique extraite de 50 ans de cinéma américain de Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon
Peut-être parce que Brooks connaissait intimement le milieu du journalisme, la thèse qu'il défend est parfaitement intégrée et incarnée dans le scénario qu'elle propulse et dynamise. On sent qu'il est indigné, bouleversé par le sort qu'on fait subir à ce journal dont la mort, nous dit-il, est une atteinte à la démocratie. Cela donne une urgence, une vibration, une actualité à ce film qui nous parle encore plus maintenant qu'à l'époque après tout ce que les Murdoch, Maxwell et autres Berlusconi font subir au journalisme. Le personnage de Martin Gabel garde intacte toute sa force et, si les procédés ont un peu changé, l'état d'esprit, lui, reste le même.
Extrait de la chronique du 28 juillet 2017 de Bertrand Tavernier
Il faut voir et revoir de toute urgence "Bas les masques" sur la mort d’un journal et les batailles qu’il mène contre la corruption. Qu’est-ce que ce beau film démocratique de Richard Brooks tient bien le coup et sonne actuel dans ces temps de disparition de journaux ! Le journalisme que prône le cher Bogey me fait toujours passer des frissons. Cet hymne à un métier, à ses codes, à sa décence reste très émouvant. Ce type de journalisme a été mis à mal il n’y a pas si longtemps mais il peut et devrait renaître. C’est même le seul espoir qui devrait le faire vivre (vérifiez dix fois toutes les infos, dit Ed Hutchinson « un journal libre vous fait prendre des risques, une vie libre aussi »). Kim Hunter, qui était déjà sur la liste noire, est magnifique et son dernier plan inoubliable (quel est l’imbécile qui a écrit sur le net que Brooks sacrifiait les femmes ? Ethel Barrymore, très émouvante, balaie déjà cette absurdité). Et le scénario de Brooks brasse avec virtuosité trois intrigues. Le portrait des héritières qui se moquent du journal est cinglant et réconfortant à la fois.
Référence dans la littérature française
"Bas les masques" est cité sous son titre original par Martin Winckler dans son recueil de récits autobiographiques "Légendes" (2002) : « Dès que je me mettrai à apprendre à taper, Betty me prêtera son ancienne machine – une Underwood noire identique, j'en suis certain, à celle sur laquelle Bogart écrit ses éditoriaux dans Deadline, USA de Richard Brooks. » (extrait de la légende intitulée "Dans le sous-sol")


