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"Arizona junior"

Arizona junior - affiche

titre original "Raising Arizona"
année de production 1987
réalisation Joel Coen
scénario Joel Coen et Ethan Coen
photographie Barry Sonnenfeld
musique Carter Burwell
interprétation Nicolas Cage, Holly Hunter, John Goodman, William Forsythe, Frances McDormand, M. Emmet Walsh

Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard

Comédie délirante où la fantaisie cache un regard aigu porté sur l'Amérique profonde. Moins bon toutefois que "Sang pour sang".

Critique extraite de 50 ans de cinéma américain de Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon

Époustouflante comédie, mélange détonnant et irrespectueux de poursuites, de satire, d'humour noir et de splastick, filmé de manière survoltée.

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

Pour leur deuxième long métrage, les frères Coen ont souhaité quitter l’univers très codifié du film noir qu’ils avaient néanmoins gentiment bousculé avec "Sang pour sang" trois ans plus tôt. Très amateurs des films de Preston Sturges, notamment des "Voyages de Sullivan" (1941), ils décident de plonger à pieds joints dans la comédie déjantée qu’ils ont déjà côtoyé auprès de leur ami Sam Raimi, pour lequel ils ont écrit le scénario de "Mort sur le grill" en 1985. Leur construction narrative prend cette fois sa source dans l’idée qu’ont les deux frères de faire travailler Holly Hunter, ex-colocataire de Frances McDormand (épouse de Joel Coen depuis 1984) à New York et devenue leur amie.

L’actrice encore débutante sera donc Edwina, une policière travaillant dans la prison où elle croise régulièrement Hi (Nicolas Cage), un petit malfrat pas complètement dégrossi dont elle finit par tomber amoureuse. Pour donner un sens à leur vie commune, le couple plutôt baroque vivant dans un mobil home décati en plein désert de l’Arizona se met en tête de procréer coûte que coûte, malgré une infertilité qui se dessine. Arizona Sr. (Trey Wilson), un magnat local, et sa femme viennent d’avoir cinq enfants via une fécondation artificielle qui a réussi au-delà de leurs espérances. « Plus qu’il n’en faut… » annonce Arizona Sr. quand il est interviewé à la télévision. Il ne faut guère plus de trente secondes pour que germe, dans le crâne en ébullition d’Edwina, l’idée d’aller soulager le riche industriel d’un cinquième de son fardeau (le Arizona junior du titre).

Rejoint par deux amis d’Hi, évadés de cellule et sorte de Stan Laurel et d’Oliver Hardy revus et corrigés sauce William Forsythe et John Goodman, le couple improbable s’embarque dans une épopée inénarrable comme les affectionnent les frères Coen, où tout est possible et surtout l’impossible, à l’image des dessins animés de Tex Avery et Chuck Jones auxquels les spectateurs avertis penseront forcément. Les scènes drolatiques s’enchaînent avec, en premier violon, un Nicolas Cage paré de la fameuse crête de Woody Woodpecker. Impayable, sorte de créature hybride entre Droopy et Jerry, l’acteur qui a déjà de jolis rôles derrière lui a eu l’audace d’endosser la chemise hawaïenne trop large de cette petite frappe au grand cœur et à la cervelle d’oiseau, au contraire de Kevin Costner qui avait refusé le rôle sans doute par crainte d’abîmer son image de beau gosse romantique.

Holly Hunter ne donne pas sa part aux chiens en jolie petite teigne, prête à tout pour réaliser son rêve tout en préservant son pré carré. Elle est tout bonnement géniale dans un rôle qui la lancera dans une carrière prestigieuse qui la mènera jusqu’au sommet d’Hollywood avec un Oscar reçu pour sa prestation dans "La Leçon de piano" (Jane Campion, 1994). John Goodman, doté de seyantes rouflaquettes, fait son entrée tonitruante dans l’univers des Coen qu’il retrouvera régulièrement (6 fois au total) jusqu’à son rôle culte de Walter Sobchak dans le tout autant cultissime "The Big Lebowski" (1998).

Le film bourré de références cinématographiques ("Mad Max", les westerns de Sergio Leone…) est certes déjanté, mais il ne faut pas s’y tromper : tout est parfaitement sous contrôle, les deux frères qui travaillent énormément en amont du tournage savent exactement où ils veulent en venir. Le spectateur s’amuse donc follement dans cet Arizona de pacotille revu par les frères Coen, qui n’oublient pas au passage de rappeler le sort fait aux petites gens qui n’ont pas su ou pu prendre en marche le train express de l’American way of life, qui ne repasse pas si souvent qu’on le dit.

"Arizona junior" sera un solide succès commercial et critique, qui permettra aux deux frères de mettre leur pas assuré dans le chemin souvent sinueux et caillouteux qui mène à l’indépendance artistique.

On notera la partition musicale parfaitement adaptée de Carter Burwell, qui sera associé par la suite à tous les films des deux frères, qui ont avec le temps constitué une sorte de troupe.

Joel Coen et Ethan Coen sur le tournage de "Arizona junior"

Arizona junior - générique

Arizona junior - générique