Menu Fermer

"Anybody's Woman"

Anybody's Woman - affiche

titre original "Anybody's Woman"
année de production 1930
réalisation Dorothy Arzner
scénario Zoe Akins et Doris Anderson, d'après l'histoire "The Better Wife" de Gouverneur Morris
photographie Charles Lang
musique Karl Hajos (non crédité)
interprétation Ruth Chatterton, Clive Brook, Paul Lukas, Huntley Gordon, Virginia Hammond, Tom Patricola, Juliette Compton, Cecil Cunningham, Charles K. Gerrard, Harvey Clark, Sidney Bracey, Gertrude Sutton

Extrait de la chronique du 20 décembre 2016 de Bertrand Tavernier

"Anybody's Woman" (1930) est dans la même veine [que "Merrily We Go to Hell", NDLR] et débute par un moment anthologique. Clive Brook surprend par la fenêtre dans une chambre voisine, deux chorus girls dont l’une joue de l’ukulélé. C’est Ruth Chatterton qui est absolument inoubliable. Ils vont se marier. Toujours un de ces couples mal assortis qui peuplent les films d’Arzner avec tous les incidents que cela entraine : les gaffes de la jeune femme, ses manières plébéiennes, l’arrogance des amis du marié, imbus des privilèges de leur caste. Mais avec l’aide de la scénariste Zoe Akins (qui adapte une histoire de Gouverneur Morris, l’auteur pulp de "East of Java"), Arzner triomphe de tous les pièges et réussit à constamment nous surprendre. Tous les personnages à commencer par celui que joue si délicatement Paul Lukas, révèlent des facettes inattendues, une couleur qu’on n’avait pas repéré, une surprenante véracité (notamment celui que joue Lukas qui prend tout le monde à contre pied) et le scénario évite tous les stéréotypes. La Pansy de Ruth Chatterton est une fille naturelle, décente, loyale qui reconnaît ses erreurs et refuse qu’elles la plombent. Elle peut aussi être rude quand il le faut, n’hésitant pas à gifler un soupirant trop insistant, ce qui se retourne contre elle. Le scénario est ponctué par des intertitres : un Mois Après, le Lendemain, comme un film muet mais ce qui paraît ailleurs une béquille, devient ici une manière dynamique de raconter l’histoire, faisant saliver le spectateur. D’autant qu’Arzner utilise admirablement l’espace (les personnages coincés dans des chambres proches ou de très grandes pièces) et le son : un ventilateur permet de réverbérer des conversations et de les faire entendre à une autre personne, astuce digne du Dumas des "Trois Mousquetaires" avec la fameuse cheminée.

Dorothy Arzner et Zoe Akins

"Anybody's Woman" est la deuxième collaboration de la réalisatrice avec la scénariste, après "Sarah et son fils" (1930 également). Suivront "Working Girls" (1931) et "La Phalène d'argent" (1933).