titre original | "Exodus" |
année de production | 1960 |
réalisation | Otto Preminger |
scénario | Dalton Trumbo, d'après le roman historique éponyme de Leon Uris (1958) |
photographie | Sam Leavitt |
musique | Ernest Gold |
production | Otto Preminger |
interprétation | Paul Newman, Eva Marie Saint, Ralph Richardson, Peter Lawford, Lee J. Cobb, Sal Mineo |
récompense | Oscar de la meilleure musique de film |
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
La première des fresques d'Otto Preminger, désireux de délaisser la tragédie intimiste pour des horizons plus larges. Dans le cas, la réussite est contestable. "Exodus", en effet, sans être honteux, est à plus d'une reprise passablement irritant. Bien que présentant une intéressante multiplicité de points de vue, les auteurs ont tout simplement négligé celui des principaux intéressés en dehors des Juifs : les Arabes non modérés. Bien que l'auteur tente de donner vie à ses personnages, le cliché domine : héros sans peur et sans reproche (Paul Newman), veuve encore belle en mal d'homme et d'enfant (Eva Marie Saint), etc. D'un autre côté, le film nous présente avec une certaine authenticité les faits qui contribuèrent à la naissance d'Israël dans les décors mêmes de l'histoire, tout en nous offrant un ou deux beaux morceaux de cinéma, comme l'assaut de la prison d'Acre, par exemple.
Critique extraite de 50 ans de cinéma américain de Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon
Otto Preminger décrit avec précision et lyrisme la naissance d'Israël.
Critique extraite du Dictionnaire des films de Georges Sadoul
À travers l'affaire de l'Exodus, dont le chef (Paul Newman) réussit, contre le gouverneur anglais de Chypre, à embarquer 400 émigrants juifs et à les débarquer en Palestine, l'histoire des luttes pour l'indépendance d'Israël. Production à très gros budget, d'après un best-seller, avec quelques bonnes séquences, dont l'interrogatoire d'un ancien déporté (Sal Mineo).
Le titre du film
Il fait référence à l'Exodus 1947, le bateau qui transporta, en 1947, des Juifs vers la Palestine mandataire, connu pour avoir été l'acteur d'un événement marquant de l'alya d'après-guerre.
Du roman à l'écran
"Exodus" est la première adaptation cinématographique d'une œuvre de l'écrivain américain Leon Uris (1924-2003). Suivra neuf ans plus tard, en 1969, "L'Étau" de Alfred Hitchcock, tiré du roman "Topaz".
Référence dans la littérature française
Le film est cité par Martin Winckler dans son recueil de récits autobiographiques "Légendes" (2002) : « Je me souviens aussi d'avoir revu là (pour la douzième fois ? j'ai le sentiment que ma mère nous y a traînés à plusieurs reprises) Exodus, d'Otto Preminger, que je déteste – non parce que c'est un mauvais film (il ne doit pas l'être tant que ça) mais parce qu'il catalyse toute l'amertume et toute l'ambiguïté de notre mésaventure en Israël [où l'auteur suivit ses parents entre 1961 et 1962, NDLR]. Je me sens claustrophobe pendant la séquence qui a lieu sur le bateau quand, aux Britanniques qui le hèlent – « Allô, Olympia ? » –, Paul Newman/Ari Ben Canaan répond : « Non, ici l'Exodus ! » ; je déteste voir les soldats anglais déchiquetés par les bombes de l'Irgoun et par-dessus tout, à la fin du film, je trouve insupportable la mort de la jeune fille, égorgée nuitamment par un ennemi invisible. Aujourd'hui encore, les larmes me montent aux yeux en entendant la musique de ce film en générique d'un documentaire sur Otto Preminger, et je vois ma mère pleurer devant une énième rediffusion télévisée car, pour elle, Exodus signifie qu'on ne va en Israël que pour y mourir ou en repartir, et qui, aujourd'hui, pourrait la convaincre du contraire ? »

Le générique de "Exodus" conçu par Saul Bass