titre original | "Out of Africa" |
année de production | 1985 |
réalisation | Sydney Pollack |
scénario | Kurt Luedtke, d'après les mémoires de Isak Dinesen, "Silence Will Speak" d'Errol Trzebinski |
photographie | David Watkin |
musique | John Barry |
interprétation | Robert Redford, Meryl Streep, Klaus Maria Brandauer |
récompenses | • Oscar du meilleur film |
• Oscar du meilleur réalisateur | |
• Oscar du meilleur scénario adapté | |
• Oscar de la meilleure photographie | |
• Oscar de la meilleure musique originale | |
• Oscar de la meilleure direction artistique | |
• Oscar du meilleur son |
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
Karen Blixen est au centre de ce film, mais il y a aussi l'Afrique, admirablement filmée par Pollack. Les deux personnages masculins, Blixen et Hatton, ne sont là que pour servir de révélateur en présentant deux types entièrement opposés. Pollack accomplit un énorme travail, empreint de nostalgie pour les vieux films "africains" de Hollywood. On y retrouve leur charme suranné, mais le réalisateur sait aussi déjouer les pièges de la nostalgie et introduire une incontestable modernité dans son histoire.
Critique extraite de 50 ans de cinéma américain de Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon
La vie de Karen Blixen, alias Isak Dinesen, incarnée par Meryl Streep. Sydney Pollack réussit ce beau portrait d'une femme exceptionnelle sur fond de safari et d'atmosphère coloniale.
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
"Out of Africa", sorti sur les écrans en décembre 1985, est le film de la consécration définitive pour Sydney Pollack. Financière tout d'abord (son plus gros succès hormis "La Firme" sorti en 1993), critique ensuite, et honorifique enfin avec sept Oscars récoltés, dont deux prestigieux (film et réalisation). Sans aucun doute, à 51 ans, l'acmé d'une carrière jusqu'alors menée sans réelle fausse note. La suite (quatre films) sera plus terne.
Un peu à la manière d'"Autant en emporte le vent", "Out of Africa", construit à partir de la biographie et des souvenirs de l'écrivaine danoise Karen Blixen (1885-1962), est un sommet du glamour qu'offrent au spectateur de toute une génération Meryl Streep et Robert Redford, à l'image de Vivien Leigh et Clark Gable 46 ans auparavant. Sans doute moins épique que son prestigieux aîné, qui a désormais mailles à partir avec la censure rétrospective, "Out of Africa" mise sur l'émerveillement contemplatif, ce qui a peut-être pour l'instant un peu endormi les veilleurs de conscience.
Pourtant, à bien y regarder, derrière la romance joliment emballée par la musique de John Barry, justement récompensée d'un Oscar, on peut clairement observer que les deux tourtereaux, entre roucoulades ou shampoing sensuellement appliqué par le beau Robert Redford, se dégourdissent les jambes en massacrant lions, éléphants et autres espèces animales aujourd'hui menacées. Pour se détendre le soir venu de ces efforts de la journée, le soleil couchant du Kenya est admiré, coupes de champagne joliment disposées sur tables garnies en pleine savane avec nappes et argenterie. Ce luxueux train de vie, on l'aura compris, ne peut être possible qu'avec le recours aux bras d'une population locale, dont les extras dans la brousse ne sont sans doute pas rémunérés en heures supplémentaires. Soyons sûrs que "Out of Africa" ne pourrait plus être produit aujourd'hui.
Soyons aussi presque certains qu'au train où vont les choses, son heure viendra d'être, lui aussi, sous le feu ardent de l'actualité. L'action se passe entre 1913 et 1931 à Mobassa au Kenya, ce qui le situe dans un contexte historique qui peut expliquer de tels comportements, sans bien sûr les justifier. Les nouvelles grilles de lecture des œuvres d'art qui ne peuvent être ignorées vu leur retentissement, si elles ne ternissent pas la magnificence des images (Oscar de la photographie pour David Watkin), la qualité du jeu de Meryl Streep, Robert Redford et Klaus Maria Brandauer remarquable, ainsi que la magie de la musique de John Barry, enlèvent un peu de l'abandon qui est réclamé pour s'abandonner aux 150 minutes qui racontent aussi le combat d'une femme pour s'affirmer dans un monde exclusivement dominé par les hommes, y compris au sein des populations autochtones. Au moins une bonne case de cochée pour Sydney Pollack, qui n'avait peut-être pas toutes ces problématiques en tête quand il se tenait derrière sa caméra dans les plaines d'Afrique.
Quoi qu'il en soit, la phrase « J'avais une ferme en Afrique », si joliment prononcée comme un mantra par Meryl Streep interprétant une Karen Blixen d'âge mûre se remémorant ses années passées dans les immenses plaines du Ngong, est toujours aussi émouvante.
Référence dans la littérature française
Le film est cité par Gaëlle Bantegnie dans son roman "France 80" (2010) :
« — Vous savez que Canal Plus est la seule chaîne à diffuser les films moins d'un an après leur sortie en salles ?
— Non, je ne savais pas.
— Même les films américains madame Allard. Ce mois-ci, par exemple, vous pourriez voir Out of Africa si vous étiez abonnée.
— J'l'ai déjà vu.
— Et vous avez aimé ?
— Beaucoup, j'adore Meryl Streep.
— Abonnez-vous aujourd'hui et vous pourrez la revoir très bientôt. »
(extrait du chapitre intitulé "Lundi 30 juin 1986")


