titre original | "Dodsworth" |
année de production | 1936 |
réalisation | William Wyler |
scénario | Sidney Howard, d'après sa propre pièce "Dodsworth", elle-même d'après le roman "Sam Dodsworth" de Sinclair Lewis (1929) |
photographie | Rudolph Maté |
musique | Alfred Newman (non crédité) |
production | Samuel Goldwyn |
interprétation | Walter Huston, Ruth Chatterton, Paul Lukas, Mary Astor, David Niven |
récompense | Oscar de la meilleure direction artistique pour Richard Day |
Extrait de la chronique du 25 mai 2018 de Bertrand Tavernier
Et j’ai passé de grands moments à revoir un bon nombre de Wyler, à commencer par "Jeunesse perdue" (zone 1, sous-titres français), un des quatre ou cinq chefs-d’œuvre des années 30. Pendant une grande partie du film, il est quasi impossible de déceler les origines théâtrales du projet. Sous l’impulsion de Wyler, Sydney Howard qui adapte sa pièce tirée d’un roman de Sinclair Lewis, enchaîne une suite de scènes rapides, elliptiques, ramassées, riches en sous-entendus mais dialoguées de manière naturelle, sans tirade et se déroulant dans les lieux les plus divers : bureaux d’usine, intérieur d’une maison américaine provinciale et cossue, cabines, pont, salle à manger d’un transatlantique, suite d’hôtels, terrasse de cafés parisiens. La vivacité de la narration entraîne une incroyable économie visuelle. Durant ce voyage à l’étranger qu’un industriel, Dodsworth (Walter Huston), effectue sous la pression de sa femme, la caméra épousant le point de vue du personnage principal, ne fait jamais de tourisme. Certains décors sont traités de manière allusive, en peu de plans, en utilisant quelques éléments symboliques (une coursive, une terrasse de café). Le film est très adulte dans son traitement du divorce, très audacieux et il bafoue nombre d’interdits du code : le héros convole avant même que la séparation soit officielle.
Du roman à l'écran
"Jeunesse perdue" est la neuvième adaptation cinématographique d'un roman de l'écrivain américain Sinclair Lewis (1885-1951), après notamment "Mantrap" de Victor Fleming, "Arrowsmith" de John Ford et "Ann Vickers" de John Cromwell. Suivront "Éternel tourment" de George Sidney et "Elmer Gantry, le charlatan" de Richard Brooks.