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"Horton Foote: The Road to Home"

Horton Foote The Road to Home - affiche

titre original "Horton Foote: The Road to Home"
année de production 2020
réalisation Anne Rapp
photographie Mark Birnbaum et Bill Schwarz
musique Curtis Heath
production Miguel Alvarez, Joe Dishner, Anne Rapp, Don Stokes et Jason Wehling

Extrait de la chronique du 29 janvier 2021 de Bertrand Tavernier

J’ai découvert grâce à mon ami Bill Ferris que l’on peut voir dialoguer avec moi et avec Parrish dans "Mississippi Blues", un beau documentaire sur le scénariste et dramaturge Horton Foote ("Horton Foote: The Road to Home"). Il fut l’un des rares scénaristes à développer un univers personnel avec ses thèmes, ses obsessions, ses personnages, le plus souvent des gens simples, déchirés par des conflit familiaux, sentimentaux, des problèmes de travail, d’alcool, d’argent, d’identité, qui essaient de survivre tant que mal. Auteur de nombreuses pièces pour le théâtre et la télévision qui se passent toutes dans le sud ou sud ouest du Texas, autour de la ville de Wharton, l’équivalent du comté de Yoknapatawpha pour Faulkner. On l’a surnommé le Tchekhov américain tant les conflits sont souvent traités en filigrane, comme murmurés. Alors que les gadgets, les effets spéciaux, les franchises ont envahi le cinéma des années 80, il est rafraichissant et courageux d’avoir fait naître tant de films dans lesquels les émotions sont le moteur, la dynamique, la raison d’être de l’action et qui tentent de préserver les racines, le passé non sans éviter parfois le sentimentalisme quand le réalisateur n’est pas à la hauteur du propos. Il est louable et émouvant de s’attacher à des personnages souvent oubliés par le cinéma de studio (vieillards, marginaux, chômeurs, travailleurs agricoles), à ces solitaires qui habitent dans des coins perdus. Les extérieurs, les décors de "Tendre bonheur" – ce motel, cette station service, ces bars disséminés le long des routes – sont à cet égard, sidérants. Après son Oscar pour le scénario de "Du silence et des ombres", Foote refusa pratiquement toutes les propositions d’Hollywood, préférant revenir à ses propres œuvres mais afin d’être sûr qu’elles soient respectées, il choisit souvent des réalisateurs de télévision moins inventif que Beresford ou Mulligan.