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"Split"

Split - affiche

titre original "Split"
année de production 2016
réalisation M. Night Shyamalan
scénario M. Night Shyamalan
photographie Mike Gioulakis
musique West Dylan Thordson
production Blumhouse Productions
interprétation James McAvoy, Anya Taylor-Joy, Betty Buckley, Bruce Willis (non crédité)

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

Depuis son apparition brutale sur la scène mondiale en 1999 avec "Sixième sens", suspense psychologique réactualisant de manière très originale le film de fantômes, M. Night Shyamalan jouit d'un statut de réalisateur génial, auteur de ses propres scénarios toujours très innovants quant à leur architecture et ambitieux dans les thèmes abordés (le plus souvent liés à la para-normalité). Enfin un cinéma de genre qui fait sens, pourrait-on dire ?

Une sorte de statut d'intouchable s'est rapidement établi autour de la personnalité de Shyamalan, alors que parallèlement, ses films rapportaient de l'argent à ses producteurs. Si aucun n'a eu depuis l'impact commercial de "Sixième sens" (672 millions de dollars au box-office mondial), tous remboursent souvent largement leur budget. Seul "La jeune fille de l'eau" sorti en 2006 a quelque peu dérouté la critique autant que les spectateurs, qui n'ont pas suivi en masse. Il faut dire que la recherche effrénée d'originalité qui anime Shyamalan, devenue sa marque de fabrique, si elle est louable sur le fond, le pousse parfois à des arabesques qui demandent une certaine indulgence pour en accepter la crédibilité.

Il en va encore une fois de même pour "Split", pourtant salué par la critique comme le retour de l'enfant prodige. Le phénomène des TDI (troubles dissociatifs de l'identité) est très en vogue, mais constitue aussi un sujet à controverses aux Etats-Unis depuis que, dans les années 1970, Billy Milligan, violeur en série, a été jugé non responsable de ses actes, car obéissant à plusieurs personnalités qui prenaient successivement possession de son esprit et de son corps. Pour ne pas faire dans la demi-mesure, le personnage interprété brillamment par James McAvoy doit en permanence arbitrer entre 23 personnalités qui habitent son cerveau. Pas simple. A tel point que Kevin Wendell Crumb (James McAvoy) surnomme cette petite communauté "la horde".

Horde sauvage, devrait-on dire, car c'est seulement avec l'appui d'une psy (Betty Buckley) corvéable à merci qu'il parvient à arbitrer entre tout ce petit monde qui veut occuper le devant de la scène. Mais, comme dans la vie réelle, seule une petite minorité d'entre elles sortent du lot et, malheureusement, ce ne sont pas toujours les plus sympathiques. On ne refera jamais la nature humaine. La tâche se complique encore quand une 24ème tapie dans l'ombre veut renverser l'ordre établi pour prendre tout l'espace. Kevin et sa psychiatre vont-ils parvenir à déjouer ce putsch ?

Voilà en somme la thématique centrale du nouveau film de M. Night Shyamalan, qui agrémente l'ensemble du kidnapping de trois jeunes filles qui semblent manifestement destinées à être livrées en offrande à "la bête". Pour le coup, le réalisateur semble un peu à court d'inspiration, reprenant de façon mécanique et un peu trop visible le rite sacrificiel qui faisait tout le sel du fameux "King Kong" de 1933 avec Fay Wray, première scream queen de l'écran hurlant devant l'immense singe s'approchant de sa frêle silhouette. Les trois jeunes captives, parmi lesquelles figure, comme il se doit, une personnalité asociale (Anya Taylor-Joy, vue dans le magnifique "The Witch" de Robert Eggers), ayant été violée par son oncle, vont devoir faire face à des portes qui s'ouvrent sans jamais savoir à laquelle des personnalités de Kevin elles ont affaire.

Ne comptons pas sur la psychiatre pourtant inquiète de la soudaine agitation de son patient pour alerter la police alors que, partout sur les ondes, on s'inquiète de la disparition des trois jeunes lycéennes. Elle va tenter courageusement et très imprudemment de rassembler encore une fois la horde en train de s'emballer.

Cet imbroglio scénaristique rempli d'invraisemblances a eu l'heur de plaire à une bonne partie de la critique qui s'est tout bonnement pâmée devant tant d'inventivité. Elle changera sans doute d'avis dans quelques années quand tous les tours éventés utilisés par Shyamalan lui sauteront au nez. "Split" ne tient en réalité debout que par la formidable présence de James McAvoy, qui sert tout simplement de cache misère à ce qu'il faut bien appeler une imposture. M Night Shyamalan, qui est certes très talentueux, devrait essayer de faire plus simple et plus modeste, son art y gagnerait grandement.

Split - affiche

Split - générique

Split - générique

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