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"Rush" (2013)

Rush - affiche

titre original "Rush"
année de production 2013
réalisation Ron Howard
scénario Peter Morgan
photographie Anthony Dod Mantle
musique Hans Zimmer
interprétation Chris Hemsworth, Daniel Brühl, Olivia Wilde
 
rien à voir avec "Rush" de Lili Fini Zanuck, 1991

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

Les films de courses automobiles sont souvent des flops au box-office, car tout comme les circuits où ils se déroulent, ils finissent souvent par tourner en rond. Aux États-Unis, ceux dont on se souvient ont été initiés par des acteurs fanatiques du volant comme Paul Newman ("Virages", 1969) ou Steve McQueen ("Le Mans",1971). Ils ont par ailleurs été des flops commerciaux.

Ron Howard, l'un des meilleurs faiseurs du moment, donne un sacré coup de fouet au genre avec ce "Rush", qui s’immisce dans la rivalité qui a scandé le monde de la formule 1 entre 1973 et 1976, à une époque où les pilotes se jouaient la mort à chaque Grand Prix. C'est la rivalité entre Nicky Lauda et James Hunt qui sert de fil conducteur solide à cette évocation d'un monde autour auquel s'agglutine une faune en quête de morbidité et de gloire. Habilement menée, même si certains pourront lui reprocher un certain manichéisme simpliste.

Howard joue des oppositions de style entre les deux coureurs. Le playboy anglais d'un côté, buveur et coureur de jupons dans la droite ligne de son contemporain Georges Best, le célèbre footballeur de Manchester United au même destin tragique. De l'autre, l'autrichien froid et calculateur. Une opposition qui mènera au fameux accident de Lauda en 1976 sur le circuit du Nürburgring et au retour miraculeux du pilote moins de deux mois après qu'il ait été transporté quasi mort à l'hôpital de Mannheim.

Il n'était pas aisé d'articuler le propos, les deux héros n'ayant pas énormément de scènes communes, mais les images des circuits de Formule 1 reconstitués avec leur dose d'adrénaline font merveilleusement la jointure. Les deux acteurs Chris Hemsworth ("Thor") et Daniel Brühl ("Goodbye Lenin") sont parfaitement crédibles et ne décevront pas les admirateurs des deux pilotes. La musique d'Hans Zimmer nimbée des airs glam rock de l'époque donne le parfum de nostalgie ultime à cette très belle réussite de l'un des réalisateurs actuels les plus mésestimés d'Hollywood.

Extrait de la chronique de Bertrand Tavernier du 17 avril 2014

"Rush" de Ron Howard est une belle surprise dans le genre super ingrat qui, pour moi, engendre le plus souvent une indifférence somnolente, des films sur les courses automobiles. Elles sont ici filmées avec une réelle originalité, Howard et son chef opérateur multipliant les angles inhabituels (caméra à ras du sol montrant les roue qui dérapent dans l’herbe ou les bordures, entrées de gens fracassantes), ne captant que certains aspects de la course, des moments déconnectés de l’ensemble. Et surtout il n’hésite pas à couper une compétition et à donner le résultat après quelques secondes après avoir consacré de longues minutes à la préparation, à l’attente. Mais surtout l’excellent scénario de Peter Morgan ("Frost/Nixon", "The Queen") se concentre sur la rivalité qui va opposer James Hunt et Niki Lauda, deux coureurs que tout oppose. Autant le premier est casse cou, fêtard, impulsif, séducteur, avide de remporter un triomphe, autant le second est méthodique, ordonné, discipliné. « Je ne veux prendre que 20% de risques », répète-t-il. Et il veut obliger les organisateurs à annuler une course que la pluie rend hyper dangereuse. Cette rivalité qui s’exerce autant sur la piste que devant les médias et dans des affrontements personnels, prend des proportions énormes et finit par faire passer tout le reste à l’arrière plan. Howard ne cherche pas à prendre parti, les deux coureurs étant simultanément sympathiques et détestables, monomaniaques et vulnérables. Un autre succès pour Ron Howard qui fait preuve d’une délicatesse, d’une absence de manichéisme qui sont les vraies qualités du cinéma moderne.

Couverture du numéro d'octobre 2013 du magazine American Cinematographer

Rush - générique