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"Des gens comme les autres"

Redford passe derrière la caméra

Des gens comme les autres - affiche

titre original "Ordinary People"
année de production 1980
réalisation Robert Redford
scénario Alvin Sargent, d'après le roman de Judith Guest
photographie John Bailey
interprétation Donald Sutherland, Timothy Hutton, Mary Tyler Moore, Judd Hirsch, M. Emmet Walsh, Elizabeth McGovern
récompenses • Oscar du meilleur film
• Oscar du meilleur réalisateur
• Oscar du meilleur scénario adapté
• Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour Timothy Hutton

La critique d'Antoine

En 1980, encouragé par Sydney Pollack avec qui il a tourné cinq films, Robert Redford se lance dans la réalisation avec "Des gens comme les autres". Coup d'essai, coup de maître : quatre statuettes, dont le meilleur film et le meilleur réalisateur. Hollywood s'incline.

Redford plonge le spectateur au cœur d'une famille bourgeoise de la région de Chicago, en apparence plutôt normale. Apparences trompeuses, apparences qu'il faut sauver, en évitant à tout prix de rouvrir les plaies. Le personnage central n'est pas sur la photo de famille, il est absent, et évidemment affreusement présent. Entre les trois survivants, des murs de silence et d'incompréhension.

Histoire assez banale donc, celle d'un drame dont on ne se remet jamais complètement, celle d'une famille qui implose, et film hyper classique dans sa forme. Redford est un réalisateur assez plan-plan, respectant le mode d'emploi à la lettre. Le genre de mec que la nouvelle vague française aurait brûlé vif.

Mais si le film est une réussite, c'est que Redford est un p... d'acteur et logiquement un p... de directeur d'acteurs. Ils sont tous incroyables, à commencer par le fils, joué par Timothy Hutton (oscarisé lui aussi), vu récemment dans "Ghost Writer" mais qui a eu un peu une carrière de m... vu son talent.

Mary Tyler Moore est également bluffante dans le rôle hyper difficile d'une mère refermée comme une huître face à l'indicible, au point de ne plus pouvoir aimer son fils.

Belle composition aussi de Donald Sutherland dans le rôle d'un père qui tente vainement de recoller les morceaux...

... sans oublier le psy, joué par l'excellent Judd Hirsch (l'inoubliable père de "À bout de course" de Lumet).

La relation entre le fils et son thérapeute est un élément essentiel du film. Ce n'est pas un analyste, il n'a pas de divan, ne fouille pas les souvenirs d'enfance, n'interprète pas les rêves. Ici, la cause du mal être est parfaitement identifiée. Le psy tente simplement de dénouer les nœuds de la culpabilité et de pousser son patient à exprimer cette culpabilité. Cette quête sert de fil rouge au film et lui donne même un petit côté thriller. Vont-ils y arriver ? Si oui, dans quelles circonstances ? La psychiatrie est aussi le sujet du film. La manière dont elle était perçue à l'époque, comme une honte, quelque chose qu'il fallait cacher, réservée aux fous.

Bien qu'ouverte, la fin ne laisse guère de place à l'espoir d'un happy end. C'est un f...in' downer. C'est aussi un grand film.

Critique extraite de 50 ans de cinéma américain de Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon

Un récit appliqué, sans compromis mais explicatif, sans mystère ni profondeur. Acteurs bien choisis, bien dirigés (notamment Donald Sutherland), et mise en scène illustrative, télévisuelle.

Des gens comme les autres - photo de tournage
Timothy Hutton, Robert Redford et Elizabeth McGovern sur le tournage des "Gens comme les autres"

Des gens comme les autres - générique