Rudolf Nureyev is Rudolph Valentino
titre original | "Valentino" |
année de production | 1977 |
réalisation | Ken Russell |
scénario | Ken Russell et Mardik Martin |
interprétation | Rudolf Noureev, Leslie Caron, Seymour Cassel |
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
Le truculent Ken Russell était un cinéaste inclassable, sorte de trublion du cinéma anglais. Ses films, toujours surprenants, n’ont certes pas tous été des chefs-d’œuvre, notamment ses biographies de grands compositeurs classiques un peu boursouflées. En 1977, il s’attaque au mythe de Valentino, première star de l’écran mort en pleine gloire à l'âge de 31 ans en 1926. Valentino, le latin lover par excellence, a bâti son succès sur son regard de braise qui affola les spectatrices du monde entier au point que plusieurs femmes se suicidèrent à l’annonce de sa mort.
Mais le parcours météorique de Rudy (diminutif de Rudolph, son prénom) ne sera pas sans embûche, sa sexualité étant souvent mise en cause par la presse de l’époque. Accusé tout à la fois d’homosexualité et d’impuissance depuis que sa nuit de noces non consommée avec sa première femme, Jean Acker, était arrivée aux oreilles de la presse à scandale, Valentino dut multiplier les exhibitions viriles pour déjouer la rumeur qui enflait. Il n’en fallait pas plus pour Ken Russell qui trouva, dans l’ambivalence de Valentino, une nouvelle occasion de se livrer aux outrances visuelles qui auront jalonné tous ses films.
Pour camper Valentino, réputé pour ses qualités de danseur de tango, il fit appel au danseur étoile Rudolf Noureev, qui était alors au sommet de sa popularité. Malheureusement, un bon danseur ne fait pas d’office un bon acteur et Noureev, très scolaire et au port de tête altier, n’exhale en rien le charisme vénéneux du bel italien.
Jamais Russell ne parvient à lever le voile du mystère de la fascination exercée par l’acteur sur les femmes, livrant finalement une biographie assez sage qui n’oublie rien des épisodes connus de la courte carrière du "fils du Sheik", mais reste très loin des fulgurances que constituent ses meilleurs films comme "Love" (1969), "Les Diables" (1971), "Au-delà du réel" (1980) ou "Les jours et les nuits de China Blue" (1984).