titre original | "August: Osage County" |
année de production | 2013 |
réalisation | John Wells |
scénario | Tracy Letts, d'après sa propre pièce |
interprétation | Meryl Streep, Julia Roberts, Chris Cooper, Ewan McGregor, Sam Shepard, Dermot Mulroney, Juliette Lewis, Benedict Cumberbatch |
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
En adaptant la pièce éponyme de Tracy Letts ("August: Osage County"), John Wells, producteur de télévision devenu depuis peu cinéaste, remet au goût du jour une tradition américaine qui avait connu son apogée entre 1955 et 1965 quand les Martin Ritt, Sidney Lumet, Joseph Mankiewicz, Georges Stevens ou Vincente Minnelli adaptaient les pièces de Tennessee Williams et autres romanciers sudistes, exposant les frustrations insurmontables nées de conflits et secrets familiaux enfouis.
Ces adaptations un peu statiques et souvent outrancières dans l’expression de sentiments exacerbés ont néanmoins permis aux acteurs issus de l’Actor’s Studio de se faire la main et aussi une réputation. Le film de John Wells tombe un peu dans les mêmes travers tellement les frustrations semblent à fleur de peau et les révélations sur l’histoire de la famille Weston propices à les entretenir et à les justifier.
Les rôles offerts par ce type de film, bien plus grands que nature, paraissent tracer un grand boulevard jusqu'à la cérémonie des Oscars aux acteurs confirmés qui osent s’y frotter. Meryl Streep ne s’y est pas trompée qui, quoique déjà plus que pourvue en récompenses, semble insatiable, se transformant pour le coup en harpie un peu comme l’avait fait Elizabeth Taylor dans "Qui a peur de Virginia Woolf ?" de Mike Nichols en 1966 pour conquérir la seule statuette de sa carrière.
Nous sommes donc dans le comté d’Osage (Oklahoma) où se réunit une famille un peu disloquée suite au suicide du père écrivain renommé (Sam Shepard). Autour de la mère (Meryl Streep) atteinte d’un cancer de la bouche et accro aux médocs, les règlements de compte multidirectionnels se déclenchent rapidement avec ses trois filles et sa sœur. On comprend très vite que tout ce monde-là est irréconciliable et que l’idéal serait de clore au plus vite cette réunion contrainte. Mais comme on le sait tous, il y a parfois un certain plaisir à se faire du mal. A ce jeu-là, c’est la mère acariâtre et sa fille aînée (Julia Roberts) qui sont les plus fortes. Les autres tentent d’éviter les coups, mais sont fatalement éclaboussés. Rien de très novateur donc.
Reste le jeu des acteurs qui fait beaucoup pour la crédibilité du propos. Tous sont assez justes, avec une mention pour Julia Roberts très mature, Chris Cooper déjà présent sur l’excellent précédent film de John Wells ("The Company Men", 2010) et Juliette Lewis épatante pour son retour à contre-emploi. Meryl Streep, si elle a bien décroché une nomination, force un peu le trait, manquant sa cible par trop d’emphase.
Après ce type de film, difficile de rester optimiste sur la cellule familiale comme nid douillet pour s’épanouir. D’un autre côté, on peut aussi se rassurer en se disant que c’est bien pire ailleurs.
De la pièce à l'écran
"Un été à Osage County" est la troisième (et dernière à ce jour) adaptation cinématographique d'une pièce du dramaturge américain Tracy Letts. "Bug" et "Killer Joe" avaient déjà été portés à l'écran par William Friedkin. Pour chacun de ces trois films, l'auteur a lui-même écrit le scénario.