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"The Walk : rêver plus haut"

Skywalker

The Walk - affiche

titre original "The Walk"
année de production 2015
réalisation Robert Zemeckis
scénario Robert Zemeckis, d'après le livre de Philippe Petit
musique Alan Silvestri
interprétation Joseph Gordon-Levitt, Ben Kingsley

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

Quand on songe à la facilité actuelle à porter tout et n'importe quoi au pinacle, d'une part, et aux exploits que réalisait le funambule autodidacte Philippe Petit dans les années 70 et 80, suspendu à un fil au-dessus des plus grands monuments du monde, d'autre part, on peut se dire que l'hommage que lui rend Hollywood n'est pas de trop.

Robert Zemeckis, le père du "Diamant vert" et de la trilogie "Retour vers le futur", dont la réputation n'est plus à faire, s'est un peu perdu dans la reconstitution romancée du plus haut fait d'armes du Frenchy quand, en 1974, dans l'illégalité la plus totale, il avait relié sur un filin d'acier les deux tours tout juste achevées du World Trade Center. Un exploit désormais chargé d'un sens émotionnel particulier pour les Américains depuis que les deux immenses tours sont tombées comme fétus de paille un jour funeste de septembre 2001.

La folle performance de Petit se suffisait à elle-même, et le réalisateur anglais James Marsh l'avait parfaitement compris, livrant en 2008, avec "Le Funambule" ("Man on Wire"), un documentaire passionnant et complet récompensé au Festival de Sundance, puis aux Oscars. Zemeckis n'avait donc pas beaucoup d'autre choix que d'emprunter la voie ardue de la biographie fictionnelle pour rendre un nouvel hommage à celui que la France semble avoir un peu délaissé.

Le problème est que, comme souvent lorsque les Américains parlent de la France ou des Français, ils tombent presque systématiquement dans les clichés les plus éculés. Zemeckis y a plongé la tête la première, nous donnant une version mièvre et acidulée de la vie de bohème parisienne des débuts de Philippe Petit, sauce "Amélie Poulain", la poésie en moins. Le casting français adjoint au plus que transparent Joseph Gordon-Levitt ne change rien à l'affaire. Ce long préambule, que ne parvient pas à sauver l'habituellement très efficace Ben Kingsley, lui aussi à la limite du ridicule, est, il faut bien l'avouer, proprement indigeste.

Heureusement, les choses s'arrangent sérieusement quand la prise d'assaut des deux tours commence avec la constitution d'un commando qui fait joyeusement penser à l'équipe de "Mission : impossible" version télévisuelle. Formidable technicien, Zemeckis est parfaitement à son affaire pour nous faire vivre au plus près la tentative insensée de Philippe Petit à plus de 400 mètres de hauteur, chose qui n'était pas à la portée du documentaire de James Marsh.

Au final, les deux hommages finissent par se compléter, même si l'on peut regretter que Zemeckis se révèle un piètre directeur d'acteurs, ayant sans doute perdu la main depuis qu'il est devenu un fervent adepte de la motion capture en 2004 quand il expérimenta le procédé avec "Le Pôle Express". Vous aurez donc compris que la priorité, pour découvrir l'univers de Philippe Petit, est de visionner en premier "Le Funambule", "The Walk : rêver plus haut" ne revêtant ensuite qu'un caractère très optionnel.

Couverture du numéro de septembre 2015 du magazine Première