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"The Undoing"

The Undoing - affiche

titre original "The Undoing"
année de production 2020
réalisation Susanne Bier
scénario David E. Kelley et Jean Hanff Korelitz
photographie Anthony Dod Mantle
musique Evgueni Galperine et Sacha Galperine
interprétation Nicole Kidman, Hugh Grant, Matilda De Angelis, Donald Sutherland

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

"The Undoing", thriller juridique décliné sous forme d’une mini-série, confirme, s’il en était encore besoin, le grand savoir-faire des États-Unis et d’Hollywood dans ce genre, dont les codes sont certes relativement basiques, mais guère aisés à manier. Ne pas tomber dans la redondance, savoir maintenir le suspense et le rythme sont parmi les clefs du succès pour éviter au spectateur l’ennui ou l’impression de déjà-vu.

Dans l’optique d’une série en six épisodes d'après une nouvelle de Jean Hanff Korelitz parue en 2014 ("You Should Have Known"), HBO choisit, pour l'adaptation, l’expérimenté scénariste et producteur David E. Kelley. La réalisation est confiée à la talentueuse Susanne Bier, spécialisée dans les drames psychologiques ("After the Wedding" en 2006, "Nos souvenirs brûlés" en 2007, "A Second Chance" en 2014). Nicole Kidman, Hugh Grant et Donald Sutherland rejoignant le casting, finissent de crédibiliser le projet. Le résultat sera à la hauteur de l’attente suscitée.

Dans le Manhattan des classes dirigeantes, Grace (Nicole Kidman) et Jonathan Fraser (Hugh Grant) ont toutes les apparences du couple modèle, alliant réussite sociale et entente conjugale. Tout semble se dérouler pour le mieux malgré une surcharge d'activité du couple qui laisse peu de temps pour l’éducation de leur fils unique. Lui est un oncologue de renom, elle est psychanalyste. La découverte du corps atrocement mutilé d’une jeune artiste (Matilda De Angelis) dans son atelier va venir brutalement bouleverser la vie des deux conjoints. Jonathan a en effet soigné le fils de la jeune femme.

Le scénario, parfaitement structuré, prend son temps pour dévoiler des personnalités beaucoup moins lisses qu’elles n’y paraissent. Le spectateur, ravi, découvre après chacun des épisodes que tout ce qu’il tenait pour acquis se trouvera remis en question la fois suivante. Nicole Kidman et Hugh Grant se renvoient la balle avec dextérité et jubilation pour entretenir le trouble sur les sentiments qui unissent leurs personnages. Hugh Grant notamment, dont la silhouette alourdie et les traits épaissis lui donnent l’occasion de se débarrasser avec brio de son costume de beau gosse endimanché qui, à près de soixante ans, ne peut plus lui offrir de perspectives crédibles. Il peut ainsi démontrer que sa palette de jeu est plus large que ce qu’il avait pu montrer jusqu’ici.

La caméra inquisitrice de Susanne Bier plonge au plus profond des regards, afin d’impliquer le spectateur dans une intrigue qui vaut surtout pour ce que chacun tente de cacher aux autres. New York est de surcroît magnifiquement filmée pour rappeler combien l’univers des puissants peut être aussi fascinant que désincarné. On notera la présence d’un Donald Sutherland cynique à souhait, qui n’est pas pour rien dans l’ambiance générale de cette mini-série de très haute tenue, dont l’équilibre narratif (ni trop long, ni trop court) est tout à fait addictif. Que demander de plus ?

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