titre original | "The Brown Bunny" |
année de production | 2003 |
réalisation | Vincent Gallo |
scénario | Vincent Gallo |
photographie | Vincent Gallo |
montage | Vincent Gallo |
production | Vincent Gallo |
interprétation | Vincent Gallo, Chloë Sevigny |
La critique de Sébastien Miguel pour Plans Américains
« (…) Gallo aligne les plans séquences interminables, sous tendus par une nécessité minimale. Plus poseur que narcissique (…), le film traîne plus d’une heure trois quarts d’un ennui insondable. (…) Toutefois, le film aboutit quelque part : à un quart d’heure du terme, Bud retrouve son amour défunt. (…) Hélas, rattrapé par la pause, Gallo ne peut s’empêcher de délivrer un dernier morceau de bravoure, plaqué artificiellement pour faire parler de lui : la scène de fellation déjà évoquée par toutes les gazettes durant le festival. Au final, une très mauvaise publicité pour le cinéma d’auteur et les metteurs en scène radicaux. » Critique de "The Brown Bunny" par Olivier de Bruyn, Positif no 509-510 de juillet/août 2003
Errance, spleen, road movie : on est en pleine mythologie du nouvel Hollywood. Il y avait une belle histoire (un être rongé par la culpabilité ne sachant plus que faire de l’existence), un acteur à la beauté ténébreuse, une B.O minimaliste et inspirée… La déception est d’autant plus grande que certaines scènes sont superbes (la rencontre de Bud et Lilly, la disparition du héros sur le Grand Lac Salé, la rencontre finale), mais miné par des intentions prétentieuses et un narcissisme autodestructeur, Gallo suicide son film. Son refus radical de la grammaire cinématographique la plus simple, la multiplication des très gros plans, les effets désuets, les longueurs… Et cette scène affreuse d’une fellation non simulée. Dans "Intimité", Chéreau avait réussi le tour de force d’intégrer dans son histoire passionnelle des scènes de ce type, mais ici, c’est la consternation ! Placée entre la rencontre des amants et la révélation finale, elle surgit sans justification aucune et de manière parfaitement gratuite. Affligeant.
Dans le magazine Screen, et peu de temps après le cassage de gueule cannois, Gallo s’est excusé : « J'accepte ce que disent les critiques. Si personne ne veut le voir, c'est qu'ils ont raison : c'est un film catastrophique et une perte de temps. Je m'excuse auprès des producteurs et des financiers, mais je vous assure qu'il n'a jamais été dans mes intentions de faire un film prétentieux, narcissique, inutile et peu attirant. J'ai cru avoir réalisé quelque chose de beau, que j'aurais pu partager avec d'autres. Je suis déçu que les gens ne partagent pas ce sentiment. Je ne peux que présenter mes excuses à ceux qui ont l'impression d'avoir perdu leur temps. »
Œuvre extrême, nombriliste et volontairement déplaisante, "The Brown Bunny" ruina la carrière de Chloë Sevigny… et les ambitions de cinéaste de Gallo.