« Remember, you're the first colored officer most of these men ever seen. »
titre original | "A Soldier's Story" |
année de production | 1984 |
réalisation | Norman Jewison |
scénario | Charles Fuller, d'après sa propre pièce |
photographie | Russell Boyd |
musique | Herbie Hancock |
interprétation | Adolph Caesar, Denzel Washington, Robert Townsend, Patti LaBelle |
récompense | Prix Edgar Allan Poe pour Charles Fuller |
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
Ce policier militaire de Norman Jewison, alors sur le dernier versant de sa carrière de réalisateur, est une charge contre le racisme qui gangrène encore l'ensemble de la société américaine à la veille du débarquement des troupes yankees sur les côtes normandes.
Nous sommes en 1984, et Norman Jewison utilise encore dans "Soldier's Story" les procédés narratifs qui ont fait le succès des films militants sur la cause noire des années 60 auquel il participa de belle manière avec "Dans la chaleur de la nuit" (1967). Aujourd'hui, ces attaques au mortier apparaissent un peu trop caricaturales et sans nuance, ce qui cantonne Jewison dans le rôle d'un bon faiseur.
Son film met toutefois bien en avant la place prépondérante des conflits raciaux au sein d'une institution aussi hiérarchisée que l'armée. Le sergent Waters, un peu plus âgé que ses hommes, ancien héros de la guerre de 1914, s'est persuadé que pour en finir avec le racisme, la seule solution pour les noirs était d'admettre la supériorité de l'homme blanc en singeant tous ses tics pour mieux se faire accepter de lui. Non plus une assimilation, mais une négation de sa propre identité.
C'est le pire des choix fait par Waters qui est désormais devenu apatride, comme le dénonce fort justement le soldat Peterson joué par un tout jeune Denzel Washington. L'enquête, vite éventée, n'est pas le sujet principal de Jewison, entièrement mobilisé sur le sort du pauvre sergent Waters, symbole de la dérive absolue de l'apartheid.
Adolph Caesar s'acquitte fort bien de son rôle (nomination à l'Oscar du meilleur acteur dans un second rôle) malgré une mise en scène qui l'oblige souvent à forcer le trait. Le tout est rythmé par une musique en décalage d'Herbie Hancock et par la voix sublime de la trop sous-estimée Patti LaBelle.