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"Quarry"

« Life's inherently complex, isn't it? Death isn't. »

Quarry - affiche

titre original "Quarry"
année de production 2016
réalisation Greg Yaitanes et John Hillcoat
scénario Michael D. Fuller et Graham Gordy, d'après les romans de Max Allan Collins
photographie Pepe Avila del Pino
musique Kris Dirksen
interprétation Logan Marshall-Green, Damon Herriman, Edoardo Ballerini, Nikki Amuka-Bird, Peter Mullan

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

Imaginer en 2016 une série prenant comme contexte la réinsertion difficile des GI's de retour du Vietnam était plutôt un pari osé, quand on sait que l'essentiel a été dit par les films des cinéastes du Nouvel Hollywood comme Francis Ford Coppola, Hal Ashby ("Le Retour"), Michael Cimino ("Voyage au bout de l'enfer") ou Ted Kotcheff ("Rambo").

À partir d'une série de 13 romans écrits par Max Allan Collins développant le personnage de Quarry, un ancien Marine tireur d'élite reconverti en tueur à gages, Michael D. Fuller et Graham Gordy ont bâti un scénario décliné en série par Cinemax (filiale de HBO) sur 8 épisodes. Les mésaventures de Quarry (Logan Marshall-Green) suite à un retour plus que difficile dans sa ville de Memphis, où il retrouve sa maison, sa piscine et sa femme, dont il découvre qu'elle l'a trompé après qu'il soit reparti une deuxième fois comme engagé au Vietnam. Pris très vite dans les pattes visqueuses d'une organisation mafieuse qui souhaite l'utiliser comme tueur à gages, Quarry doit lutter pour retrouver son indépendance et restaurer sa relation avec son épouse, tout en surmontant le traumatisme encore bien présent provoqué par son séjour sur le théâtre de guerre vietnamien.

L'accent est bien sûr mis sur la reconstitution historique, plutôt réussie, et sur les obstacles mis sur la route de Quarry, le ramenant toujours un peu plus vers le fond. L'ensemble est habilement présenté autour d'un Logan Marshall-Green jusqu'alors essentiellement habitué aux seconds rôles, qui a globalement réussi son examen de passage malgré une tendance fâcheuse à reproduire les tics issus de l'Actor's Studio (qu'il ne semble pas avoir fréquenté). Heureusement, au fur et à mesure des huit épisodes, il s'est approprié le caractère du personnage en l'allégeant du regard de chien battu qu'il lui avait donné d'emblée, se croyant sans doute obligé d'en rajouter pour marquer la souffrance intérieure du soldat brisé par les horreurs de la guerre.

Autour de lui, certains personnages très hauts en couleur viennent en contrepoint de la relative impassibilité de Quarry pour dynamiser l'action. Peter Mullan, comme toujours excellent, campe un "pourvoyeur d'affaires" onctueux et inquiétant à souhait. Damon Herriman, acteur australien méconnu, est quant à lui la très bonne surprise de la série, avec son faciès de Klaus Kinski juvénile interprétant un tueur à gages homosexuel qui, entre deux crimes, se trémousse dans sa chambre sur les chansons d'Umberto Tozzi ou, assis sur un canapé fatigué, se confie à sa mère sur sa lassitude d'un parcours de tueur professionnel dont il n'arrive pas à trouver l'issue. Idem pour Edoardo Ballerini, impeccable en second imperturbable de Peter Mullan, qui joue la fonction de nettoyeur après chaque exécution.

En revanche, on pourra regretter la pauvreté des rôles féminins assez stéréotypés, hormis celui tenu par Nikki Amuka-Bird, parfaite en veuve du meilleur ami de Quarry, dont on aurait aimé qu'il soit plus développé.

Saluée par la critique, mais sans doute pas dans l'air du temps comme l'on pouvait s'y attendre, la série a été abandonnée après sa première saison. Elle n'aura ainsi pas eu l'occasion de s'affadir comme beaucoup de ses consœurs, faute de matière suffisante pour relancer l'intérêt, et c'est sans doute mieux ainsi.

Quarry - générique