titre original | "The Seven-Ups" |
année de production | 1973 |
réalisation | Philip D'Antoni |
scénario | Albert Ruben et Alexander Jacobs, d'après une histoire de Sonny Grosso |
interprétation | Roy Scheider, Richard Lynch, Joe Spinell, Tony Lo Bianco |
Le titre original du film
"The Seven-Ups" fait référence au fait que les policiers du film tentent de coincer leurs cibles pour les faire inculper de délits passibles d'une peine de sept (seven) années ou plus (up) d'emprisonnement.
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
Décédé le 15 avril 2018 à près de 90 ans, Philip D'Antoni a connu, au détour des années 1970, une carrière de producteur et de réalisateur aussi courte que fulgurante. Après des débuts comme "petite main" chez NBC, une compagnie de télévision américaine, il décide de se lancer dans la production cinématographique.
Son premier essai est un coup de maître, parvenant à imposer à Steve McQueen et Peter Yates la fameuse course-poursuite de "Bullitt" (1968). C'est le jackpot. Trois ans plus tard, il récidive en faisant confiance au tout jeune William Friedkin pour réaliser "French Connection", qui restera lui aussi célèbre pour sa fameuse course-poursuite dans les rues de New York. Au passage, le film récolte cinq Oscars majeurs. Philip D'Antoni est alors un producteur en vue à qui l'on ne peut rien refuser.
Très impliqué dans la préparation de ses films, il passe à la réalisation sur son troisième projet, "Police puissance 7". Le scénario est inspiré d'une histoire de Sonny Grosso, ancien lieutenant du Narcotic Bureau de New York, déjà à la base du scénario de "French Connection". Il s'agit cette fois de l'histoire éphémère d'une section spéciale de la police new-yorkaise, les Sevens-Ups, composée de quatre agents chargés de coffrer des membres de la pègre à l'aide de méthodes peu orthodoxes pouvant aller jusqu'à la provocation de flagrants délits.
Philip D'Antoni n'a pas de mal à convaincre Roy Scheider de le rejoindre pour ce nouveau polar urbain exactement de la même veine que le film de Friedkin. Injustement oublié, "Police puissance 7" fait l'objet d'une superbe édition en Blu-ray qui permet d'en apprécier toute l'âpreté et la noirceur. Peu de dialogues et de longues mises en situation, juste une traque dans le New York d'avant les années Reagan, où chaque quartier pouvait se transformer en coupe-gorge.
Buddy (Roy Scheider), le responsable controversé de la section des Sevens-Ups, est régulièrement en contact avec Vito Lucia (Tony Lo Bianco), un ami d'enfance, pour des échanges d'informations. Cette relation tout à la fois sincère et ambigüe est formidablement décrite dans les superbes scènes entre les deux hommes filmées par D'Antoni sur les rives de l'Hudson. La frontière entre le bien et le mal est ténue, et l'amitié peut parfois amoindrir la lucidité utile à les distinguer. Là est tout le propos du film.
Parallèlement, un rançonnage de caïds organisé par des malfrats inconnus au bataillon arrive dans les mains de Buddy et de son équipe. C'est une traque à l'aveugle qui s'organise alors, avec un Buddy désorienté avançant sur la corde raide. Philip D'Antoni, fort de ses deux expériences précédentes, est comme un poisson dans l'eau, entouré d'un casting de haute volée composé des tronches les plus patibulaires et inquiétantes de l'époque, avec Richard Lynch en première ligne, secondé par Bill Hickman, Joe Spinell et Larry Haines.
Peut-être moins spectaculaire et haletant que "Bullitt" et "French Connection" malgré une course poursuite très réussie, "Police puissance 7" dégage un parfum plus insidieux qui tient beaucoup à la relation trouble entre malfrats et flics portée par Tony Lo Bianco et Roy Scheider, à qui D'Antoni laisse davantage la bride sur le cou pour développer la psychologie de leur personnage.
Un film à découvrir absolument, qui se place en très bonne place parmi les grands polars urbains de cette époque bénie.