The Needle and the Damage Done
titre original | "The Panic in Needle Park" |
année de production | 1971 |
réalisation | Jerry Schatzberg |
scénario | Joan Didion et John Gregory Dunne, d'après le roman de James Mills |
photographie | Adam Holender |
interprétation | Al Pacino, Kitty Winn, Raúl Juliá, Paul Sorvino |
récompense | Prix d'interprétation féminine pour Kitty Winn au festival de Cannes 1971 |
Le titre du film
« Le carrefour de Broadway et de la 72e Rue, à New York, s'appelle officiellement Sherman Square, mais les drogués l'ont rebaptisé Needle Park : Place de la Seringue. » (cf. le début du générique du film) La panique à Needle Park est celle qui s'empare des héroïnomanes de New York lorsque la drogue vient à manquer suite à une pénurie dans la ville.
Critique extraite de 50 ans de cinéma américain de Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon
Pour sa deuxième mise en scène, Jerry Schatzberg donne un des meilleurs films jamais tournés sur la drogue et ses ravages. Deuxième film et premier rôle marquant d'Al Pacino.
Critique extraite du Cinéma américain 1955-1970 de Freddy Buache
En racontant une histoire d'amour, Schatzberg montre quelques épaves humaines dont l'unique souci consiste à se procurer de l'héroïne. Pour cela, ces garçons et ces filles ont besoin d'argent (la dose coûte de trois à dix dollars), et comme ils ne travaillent évidemment pas, ils volent, se prostituent, ou sont toujours prêts à céder au chantage qui les conduit, pour échapper aux enquêteurs et pour s'assurer de nouvelles piqûres, à dénoncer un ami.
Le titre offre un double sens : la panique est à la fois le moment où la drogue manque et celui qui marque l'intervention brutale de la police. Le metteur en scène adopte un style proche de celui de "Macadam cowboy" ou de "Cinq pièces faciles" pour décrire, prise dans la banalité du quotidien, la liaison simple, terrible et déprimante d'Helen et de Bobby. Il tourne dans la rue, dans les snack-bars, mêle ses comédiens aux passants, aux figurants involontaires, pour conférer à ses images, souvent trop élaborées et trop brillantes, un peu des obscurs tremblements de la vie. La qualité de son récit tient aux scènes où le reportage et la fiction s'équilibrent ; mais parfois, une dramatisation à peine appuyée suffit à rompre passagèrement cette harmonie de l'œuvre qui présente, en outre, l'intérêt de ne pas sacrifier l'argument à des considérations sommairement moralisatrices.
Ces rares nuances de préciosité n'empêchent aucunement l'ouvrage d'affirmer de bout en bout son unité, sa force dénonciatrice et son émouvante poésie. Schatzberg ne juge pas. Il regarde, compose l'anecdote en forme de romance et met en évidence le caractère destructeur d'une passion qui, derrière l'illusion de ceux qui s'y adonnent en croyant se libérer, les rend esclaves et les conduit jusqu'à bafouer, au-delà de leur propre dignité, les seules valeurs assez puissantes pour éventuellement les sauver : celles de l'amour.
Le générique de "Panique à Needle Park"
La critique de Bertrand Mathieux