titre original | "One Potato, Two Potato" |
année de production | 1964 |
réalisation | Larry Peerce |
scénario | Raphael Hayes et Orville H. Hampton |
photographie | Andrew Laszlo |
musique | Gerald Fried |
production | Anthony Spinelli |
interprétation | Barbara Barrie, Bernie Hamilton, Richard Mulligan, Harry Bellaver, Robert Earl Jones |
récompense | Prix d'interprétation féminine pour Barbara Barrie au festival de Cannes 1964 (ex æquo avec Anne Bancroft pour "Le Mangeur de citrouilles") |
Critique extraite du Cinéma américain 1955-1970 de Freddy Buache
"One Potato, Two Potato" (premiers mots d'une comptine anglaise comme « am-stram-gram » en français), d'abord, nous rappelle ce pouvoir et nous rend ce plaisir rare de participer devant l'écran à une histoire simple, bouleversante par sa simplicité. Et la larme qui nous est arrachée en cours de projection, nous pouvons l'essuyer sans honte, car nous sommes touchés par l'auteur d'une manière honnête : il n'exploite pas avec complaisance notre attendrissement ; au contraire, il s'efforce toujours de le briser par une notation qui nous oblige de le retourner en réflexion débouchant sur la révolte. Qu'importe, dès lors, le manque d'unité de l'écriture ? L'intelligence cordiale est aussi une forme du talent ; dans le cas particulier, elle nous fait oublier de qualifier par des superlatifs le style du metteur en scène puisque son cri et l'atroce réalité qu'il désigne demeureront inoubliables.
(...)
Basé sur des faits vrais, cet ouvrage est beaucoup plus qu'un acte d'accusation contre la ségrégation aux États-Unis. Il somme chaque spectateur de répondre à cette question que posait publiquement, il y a quelques années, un pasteur vaudois qui, après s'être déclaré antiraciste convaincu, ajoutait : « Pourtant, si votre fille vous annonçait que votre gendre aura la peau noire, ne seriez-vous pas en droit de refuser ? » Et il concluait, paternellement, en insinuant qu'une réponse affirmative s'imposait... à cause des enfants dont il ne faut pas faire délibérément le malheur ! Une telle attitude relève évidemment du racisme le plus insidieux et le plus impardonnable. C'est aussi contre ce racisme-là, qui commence sans en avoir l'air avec les premiers signes impondérables de la xénophobie, que cette production indépendante s'élève avec courage, avec générosité, avec grandeur.