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"Le Meilleur"

titre original "The Natural"
année de production 1984
réalisation Barry Levinson
scénario Roger Towne et Phil Dusenberry, d'après le roman éponyme de Bernard Malamud
photographie Caleb Deschanel
musique Randy Newman
interprétation Robert Redford, Robert Duvall, Glenn Close, Kim Basinger, Wilford Brimley, Barbara Hershey, Robert Prosky, Richard Farnsworth, Joe Don Baker, Michael Madsen

Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard

Exaltant le vieux rêve américain de la réussite, ce film n'est pas, malgré quelques emprunts à l'heroic fantasy, le meilleur de Levinson.

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

Quand il entame le tournage du "Meilleur" de Barry Levinson en 1984, Robert Redford est parvenu à un tournant de sa carrière. Sa collaboration avec Sydney Pollack, déjà riche de cinq films, ayant déjà donné ses meilleurs fruits, il s’est décidé en 1980 à entamer une carrière parallèle de réalisateur avec "Des gens comme les autres", qui lui a valu sa première et unique récompense aux Oscars en 1981. Ses grands films étant désormais derrière lui, sa carrière d’acteur va lentement décliner, l’acteur n’acceptant pas facilement d’endosser les rôles de son âge.

"Le Meilleur", film typiquement ancré dans l’âme américaine car consacré à la grande geste du base-ball, sport roi aux États-Unis fournit justement à Redford l’archétype des rôles de beau gosse vieillissant qui, de "Out of Africa" de Sydney Pollack, "Proposition indécente" d’Adrian Lyne et "Personnel et confidentiel" de Jon Avnet, jusqu’à "L’Homme qui murmurait à l’oreille des chevaux" en 1998 où il se dirige lui-même complaisamment face à Kristin Scott Thomas, le verront tout doucement s’acheminer vers une caricature de lui-même. Barry Levinson encore débutant doit bien sûr se plier à l’exercice qui consiste à mettre en valeur la plastique encore parfaitement opérante de celui qui, avec la complicité des producteurs, semble s’être figé dans le rôle de "Gatsby le magnifique" (Jack Clayton, 1974).

Puisant dans toute la mythologie du base-ball où les héros pullulent, le scénario inspiré du roman éponyme de Bernard Malamud, tire habilement (un peu trop sans doute) toutes les ficelles du mélodrame lacrymal qui voit le sportif surdoué, fauché par une balle de revolver (Barbara Hershey sublime en archange de la mort) avant même d’avoir pu connaître la gloire, renaître de ses cendres vingt ans plus tard pour mener une équipe de seconde zone vers les sommets du classement national. Le tout parsemé de rebondissements destinés à embellir toujours un peu plus l’image du héros revenu de tout, mais trouvant à chaque fois l’énergie pour rebondir et enfin trouver l’amour.

On a sans aucun doute connu scénario plus subtil, mais la qualité de la photographie de Caleb Deschanel ajoutée au casting de choix qui entoure Redford, au sein duquel on détachera tout particulièrement Wilford Brimley campant un entraîneur bougon, mais rempli d’humanité, et Robert Prosky en président de club corrompu jusqu’à l’os, contribuent à rendre le film touchant par la naïveté champêtre qu’il dégage par instant. Les spectateurs américains y ont été sensibles, qui se sont rendus en grand nombre dans les salles. En Europe, le film n’a pas connu le même succès.