titre original | "The Judge" |
année de production | 2014 |
réalisation | David Dobkin |
scénario | Nick Schenk |
photographie | Janusz Kaminski |
musique | Thomas Newman |
interprétation | Robert Downey Jr., Robert Duvall, Vera Farmiga, Billy Bob Thornton, Vincent D'Onofrio |
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
Depuis sept ans, la carrière de Robert Downey Jr. est au zénith grâce à deux franchises ("Sherlock Holmes" et "Iron Man") qui lui ont permis de sortir du lent déclin amorcé dans les années 90 suite à ses problèmes d'addiction. "Le Juge" est une des rares tentatives de l'acteur (ici producteur) pour sortir de ces rôles certes rémunérateurs, mais sans grande signification sur le plan artistique. Le duo constitué avec le grand Robert Duvall était alléchant. Le thème du film, qui mélange drame familial et joutes de prétoire, semblait offrir un terrain balisé sur lequel le succès, et la qualité devaient pouvoir se poser. Le choix du réalisateur, plutôt spécialisé dans les comédies potaches, laissait en revanche poindre quelques craintes.
Le résultat est au final franchement décevant. Au-delà du jeu devenu robotique de l'acteur (normal lorsqu'on a incarné trois fois de suite Iron Man !), qui semble souvent en décalage par rapport aux enjeux du film, le scénario enfile les poncifs et lieux communs comme des perles. Avocat à succès sans scrupule, Hank Palmer (Robert Downey Jr.) met son talent au service des malfrats selon l'adage « les innocents sont trop pauvres pour s'offrir mes services ». Il doit rentrer précipitamment dans son village de l'Indiana où sa mère vient de mourir. Bien sûr, là-bas, le temps s'est figé, et tout le passé de Hank lui remonte à la figure avec, en premier lieu, son père juge intègre et figure locale, qui lui a toujours préféré son frère aîné (Vincent D'Onofrio) dont la carrière au base-ball a été brisée par un accident provoqué par Hank (une réminiscence du "Plus sauvage d'entre tous" de Martin Ritt en 1963).
Seul beau gosse du village (!), Hank séduit aussitôt et sans rien faire une jeune serveuse qu'il chevauche hardiment derrière le bar face au regard ébaubi de ses deux frères. Pas de chance, celle-ci est peut-être la fille qu'il aurait eu avec une ancienne liaison (Vera Farmiga) qui, bien sûr, n'a pas refait sa vie depuis vingt ans, attendant éplorée le retour de Hank. Heureusement, l'inceste n'a pas eu lieu, sa fiancée de l'époque s'étant consolée du départ de Hank dans les bras de son frère attardé mental léger comme autrefois le "Forrest Gump" de Robert Zemeckis.
Dans ce méli-mélo référentiel, difficile pour les acteurs de tirer leur épingle du jeu. Même Robert Duvall semble un peu en difficulté, malgré des efforts louables pour faire exister ce juge droit dans ses bottes rongé par le chagrin et le cancer. David Dobkin doit très vite se recentrer sur ses comédies où sa finesse de camionneur peut mieux s'exprimer, existant désormais un large public pour ce type de production popularisée par les frères Farrelly.