titre original | "Over the Top" |
année de production | 1987 |
réalisation | Menahem Golan |
scénario | Stirling Silliphant et Sylvester Stallone |
musique | Giorgio Moroder |
production | Golan-Globus |
interprétation | Sylvester Stallone, Robert Loggia, David Mendenhall, Rick Zumwalt, Terry Funk |
La chronique de la rédaction
La critique de Sébastien Miguel pour Plans Américains
"Le Bras de fer", dont le titre original, "Over the Top", transfigure l'idéologie reaganienne, est un film passionnant sur ‘l’esprit’ des années 80. Peut-être le produit le plus édifiant de cette décennie réactionnaire et primitive.
Le film, tourné par le grand patron de la Cannon, entend (dé)montrer la force des minuscules (ici un sympathique routier interprété évidemment par Stallone…) face à l’hyper puissance des riches, forcément fourbes et amoraux selon le Sieur Golan. Notons que Robert Loggia, qui interprète le milliardaire malfaisant, apparaît plus crédible que John P. Ryan qui incarnait ce genre d'emploi dans les autres productions de la firme désastreuse.
Père d’un enfant qu’il n’a pas connu, Stallone kidnappe le jeune garçon et décide de se rendre à Las Vegas afin de décrocher le fameux concours du bras de fer. Le titre permettra au vainqueur de s’extraire de sa condition sociale, mais surtout de prouver à un fils incrédule la valeur d'un combat et l'importance d’un père puissant et protecteur. La traversée des États-Unis (mâtinée d’une esthétique de vidéoclip aux envolées lyriques du "Winner Takes It All" de Sammy Hagar ou de "Meet Me Half Way" de Kenny Loggins *) se double d’un parcours initiatique salvateur et purificateur. On retrouve sans peine, dans ce produit marketing à la gloire de Stallone, le schéma qui avait fait le triomphe de "Rocky".
Mais là où le film se démarque de son prestigieux modèle et gagne indiscutablement une certaine force, c’est dans les séquences finales se déroulant à Las Vegas. La peinture des exclus, tentant de s'imposer à coups de muscles, dresse avec acuité le portrait de l’Amérique de Ronald Reagan : une communauté primitive fascinée par sa propre force (réelle ou fantasmée), dans laquelle la recherche de la suprématie physique masque difficilement un besoin d'appartenance au monde de l'imaginaire et de l’enfance.
Échec total à sa sortie et début de la descente aux enfers cinématographique pour Stallone… Mais pour les tapageuses années 80, un jalon essentiel.
* également interprète de "Danger Zone" et "Playing With The Boys" dans "Top Gun", "Double Or Nothing" dans "Rocky IV", "Footloose" et "I'm Free" dans "Footloose"