Menu Fermer

"La Garce"

La Garce - affiche

titre original "Beyond the Forest"
année de production 1949
réalisation King Vidor
scénario Lenore J. Coffee, d'après le roman de Stuart Engstrand
photographie Robert Burks
musique Max Steiner
production Henry Blanke
interprétation Bette Davis, Joseph Cotten, David Brian, Ruth Roman, Minor Watson, Dona Drake, Regis Toomey, Sarah Selby

Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard

Un choc face au puritanisme habituel d'Hollywood : un portrait de femme d'une noirceur exceptionnelle, où des problèmes aussi voilés que ceux de l'avortement sont exposés de façon brutale. Sa passion conduit l'héroïne jusqu'à la mort. Le plus noir des films noirs.

Critique extraite de 50 ans de cinéma américain de Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon

[...] mélodrame que Vidor et Bette Davis, qui s'estimait trop vieille et recommandait Virginia Mayo, détestèrent tourner. Il réussit presque à en faire une œuvre personnelle, poussant la noirceur du personnage jusqu'au bout, le confrontant à une série de monstres de pierre (les gratte-ciel de Chicago) ou à des machines (usines, locomotives). La marche vers la gare est même un assez délirant moment de mise en scène où le train devient le symbole de l'amour trahi, broyé, le rival qu'il faut abattre ; malheureusement, l'interprétation de Bette Davis est tellement signifiante, grimaçante et celle de Joseph Cotten tellement plate que le propos est déséquilibré.

La critique de Sébastien Miguel pour Plans Américains

Madame Bovary version trash.

Un panneau initial hilarant de crétinerie (les polytechniciens de la critique de cinéma devraient faire quelque chose sur l'idiotie des cartons hollywoodiens...).

Bette Davis, dans un cabotinage effréné, n'incarne pas une simple femme mais le mal absolu. C'est-à-dire la femme adultère, avide de plaisir et de perfidie. Mariée à un tocard de compète (Joseph Cotten, le super cocu de Hollywood avec "Les Amants du Capricorne", "Niagara" et ce film), elle ne pense qu'à partir loin et copuler avec son bel étalon.

Vidor oppose la cuve géante de l'usine à la soif de sexe de l'héroïne, alterne - dans un montage parallèle final - le cri strident du sifflet du train et l'agonie du monstre comme on faisait vingt-cinq ans avant quand le cinéma était muet...

Les transparences dégueus, la construction en flash black, les dialogues débiles, l'outrance de certains échanges (armée d'un fusil à pompe, Miss Davis dégomme gratuitement un gentil petit hérisson et lance « Je déteste ces sales bestioles ! » Lol !) : on reste impressionné par la totale vulgarité de l'ensemble. Aucun commentaire sur la perruque brune de la garce n'est nécessaire.

Un classique alternatif de la Warner d'un mauvais goût admirable. Chapeau bas, les gars !

Référence

Dans la pièce "Qui a peur de Virginia Woolf ?" (et son adaptation pour le grand écran), un dialogue s'engage autour de "La Garce", le personnage féminin principal tentant de retrouver le titre du film de Vidor :
« What a dump. Hey, what's that from? ‘What a dump!’
– How should I know what...
– Aw, come on! What's it from? You know...
– ...Martha...
– WHAT'S IT FROM, FOR CHRIST'S SAKE?
– What's what from?
– I just told you; I just did it. ‘What a dump!’ Hunh? What's that from?
– I haven’t the faintest idea what...
– Dumbbell! It's from some goddamn Bette Davis picture...some goddamn Warner Brothers epic
– I can’t remember all the pictures that...
– Nobody's asking you to remember every goddamn Warner Brothers epic...just one! One single little epic! Bette Davis gets peritonitis in the end...she's got this big black fright wig she wears all through the picture and she gets peritonitis, and she's married to Joseph Cotten or something...
– ...somebody... »

La Garce - affiche italienne
Affiche italienne de "La Garce" © Luigi Martinati

La Garce - générique