titre original | "The Man Who Would Be King" |
année de production | 1975 |
réalisation | John Huston |
scénario | John Huston et Gladys Hill, d'après la nouvelle éponyme de Rudyard Kipling |
photographie | Oswald Morris |
musique | Maurice Jarre |
interprétation | Sean Connery, Michael Caine, Christopher Plummer, Saeed Jaffrey, Albert Moses |
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
Tout est admirable dans ce film : les images en Panavision, l'histoire, l'interprétation (Caine et Connery sont prodigieux) et la mise en scène de John Huston toujours à l'aise dans les films d'aventures exotiques. Un chef-d'œuvre.
Critique extraite de 50 ans de cinéma américain de Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon
L'un des très rares exemples d'un film rêvé pendant des années (plus de vingt) qui ne déçoit pas à l'arrivée (ce ne fut pas le cas de "Galileo" de Losey ou de "Pirates" de Polanski). John Huston bénéficie d'une distribution idéale (Sean Connery et Michael Caine sont plus exacts que Gable et Bogart) et de la liberté de ton, de style qui caractérise ses derniers films, restituant à merveille le panache, la nostalgie, l'ambiguïté de Kipling. Très beaux décors d'Alexandre Trauner.
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
Cette transposition de l’univers de Kipling au grand écran via l’imaginaire débridé du grand Huston n'est ni plus ni moins qu’un chef-d’œuvre du film d’aventures qui préfigure à bien des égards l’univers baroque de Terry Gilliam. On sait qu’Huston a mis 20 ans pour monter son projet, passant du duo Bogart/Gable à celui finalement formé par Sean Connery et Michael Caine en passant par celui plus improbable quoique déjà constitué par Paul Newman et Robert Redford. Bien lui en a pris, car avec le recul, on ne pouvait sans doute pas imaginer meilleur tandem que les deux acteurs british parvenus tous deux au sommet de leur art. Huston, qui est un scénariste confirmé, a eu l’ingénieuse idée de placer Kipling lui-même au sein de sa nouvelle, devenant bien involontairement l’initiateur de cette quête insensée : la conquête du Kafiristan (pays imaginaire) par deux rebuts de l’armée impériale des Indes. À partir du même thème, Hal Roach en son temps aurait pu tout aussi bien bâtir une comédie loufoque avec Laurel et Hardy.
C’est sur ce terreau fertile que s’engage Huston, qui s’identifie sans doute à ces deux héros personnifiant chacun la dualité qui tiraille tout homme. Temps béni où les frontières n’étaient pas encore complètement tracées que semble regretter un John Huston, qui sent bien, à l’entame de la dernière ligne droite de sa vie, que l’homme va domestiquer cette vaste planète pour finir par lui imposer les pires outrages et peut-être aussi sa propre perte. Pour avoir voulu être roi, puis un dieu, tout en restant un homme (comment résister à la très belle Shakira ?), Daniel Dravot (Sean Connery) a mis fin à cette aventure incroyable tel Icare qui s’était trop approché du soleil. Même son meilleur ami, Peachy Carnehan (Michael Caine), n’aura pas su retenir son compagnon d’armes qui, en voulant sortir de sa condition humaine, s’y est vu ramené de la plus terrible des façons.
Trente après "Le Trésor de la Sierra Madre", le constat fait par Huston est toujours le même : l’homme est un individualiste forcené et toute association, qu’elle soit bâtie sur les circonstances ou sur l’amitié, finit toujours par craquer à cause de la cupidité et de la vanité. Sur le même thème, Huston a construit deux films différents quant à la forme. Avec Connery et Caine sous sa direction, il a avant tout eu envie de s’amuser, et nous avec lui. Comme il l’a fait deux ans plus tôt en déstructurant le western avec "Juge et Hors-la-loi", il démystifie le film d’aventures colonial ("Les Trois Lanciers du Bengale", "Gunga Din") tout en conservant les principaux canons du genre. Le résultat de tout ce travail est un film tout à la fois mirifique, épique et rempli d’humour.