titre original | "Joan of Arc" |
année de production | 1948 |
réalisation | Victor Fleming |
scénario | Andrew Solt et Maxwell Anderson, d'après la pièce de ce dernier |
photographie | Winton C. Hoch, William V. Skall et Joseph A. Valentine |
musique | Hugo Friedhofer |
production | Walter Wanger |
interprétation | Ingrid Bergman, José Ferrer, Francis L. Sullivan, Ward Bond, John Emery |
récompenses | • Oscar de la meilleure photographie |
• Oscar de la meilleure création de costumes pour Dorothy Jeakins et Barbara Karinska |
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
Ingrid Bergman est trop belle et trop âgée pour le rôle. De surcroît, la dimension spirituelle de l'aventure de Jeanne est étouffée au profit des belles images et des scènes d'action. Mais le film, sans valoir les versions de Dreyer ou même de Gastyne ["La Passion de Jeanne d'Arc" et "La Merveilleuse Vie de Jeanne d'Arc, fille de Lorraine", NDLR], n'est pas dépourvu d'agrément.
Critique extraite de 50 ans de cinéma américain de Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon
"Jeanne d'Arc", qu'il [Victor Fleming] coproduisit de manière indépendante avec Walter Wanger et Ingrid Bergman, est un échec qui n'a même pas l'excuse d'un sujet imposé. Bergman avait déjà joué la pièce au théâtre et l'on fit appel à l'auteur, Maxwell Anderson, pour en écrire le scénario qui réussit le prodige de n'avoir aucun regard, aucune vision et de l'héroïne et de son histoire. Anderson n'est pas Shaw [l'auteur de la pièce de 1924 "Sainte Jeanne", NDLR] et son texte est d'une platitude rare. Fleming le filme avec un soin compassé, figé et touchant. C'est une suite de chromos d'où toute réalité physique est absente. Même les batailles sont dépourvues de vie et d'élan, et l'Oscar donné à la photographie nous paraît ridicule tant elle est pompier et peu inventive.
La critique de Sébastien Miguel pour Plans Américains
Ultime film de Victor Fleming.
Maxwell Anderson s'inspire de sa propre pièce "Joan of Lorraine" en se passant de la structure théâtrale, mais en restant fidèle à l'esprit.
Très académique avec de gros décors en cartons, des toiles peintes et une musique particulièrement oubliable d’Hugo Friedhofer. La photo en Technicolor de Joseph Valentine est jolie, mais guère flamboyante (hormis la prise du château). L’unique scène de bataille fait vraiment très série B et les armures en fer blanc prêtent plutôt à sourire - Ingrid Bergman garde très bien son sérieux quand elle tente de courir en solerets !
Le seul passage vraiment spectaculaire reste le sacre à Reims (mais sans plan d'extérieurs, évidemment) et Fleming ne parvient jamais à insuffler le moindre rythme et le moindre souffle épique à sa fresque historique.
Reste une interprétation de qualité (José Ferrer, Ward Bond et John Emery, notamment). Très hollywoodien – parfois dans le mauvais sens du terme – avec une caractérisation de Pierre Cauchon tout en lourdeur : Francis L. Sullivan (parfait) en ecclésiastique corrompu, veule, pervers, lâche…
Scène culte : un religieux, sorti de nulle part, surgit lors du procès et déverse un long monologue en conspuant l'ensemble des juges. L'honneur de l'Église est sauf : merci Hollywood !
Ingrid Bergman apporte une vraie vibration à son personnage (toutes les scènes de prière), mais l'ensemble est lent, surtout dans sa version longue, et apparaît comme une illustration honorable mais totalement dépassée aujourd’hui.