titre original | "Intolerable Cruelty" |
année de production | 2003 |
réalisation | Joel Coen et Ethan Coen |
scénario | Joel Coen et Ethan Coen |
photographie | Roger Deakins |
musique | Carter Burwell |
interprétation | George Clooney, Catherine Zeta-Jones, Geoffrey Rush, Richard Jenkins, Billy Bob Thornton |
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
Pour la première fois, les frères Coen travaillent sur un projet qu’ils n’ont pas initié eux-mêmes. L’idée du scénario vient de Robert Ramsey et Matthew Stone. Le film devait être réalisé par Ron Howard, puis Jonathan Demme, avec Hugh Grant et Téa Leoni ou Julia Roberts dans les deux rôles principaux.
George Clooney, qui a travaillé avec les deux frères sur "O’ Brother" avec la réussite que l’on sait, les rejoint pour délivrer à nouveau une prestation jouissive qui démontre encore une fois son profond amour du jeu. Exit Clark Gable très joliment parodié dans "O’ Brother", bonjour Cary Grant qui va accompagner le jeu de l’acteur tout au long d’"Intolérable cruauté". La très belle Catherine Zeta-Jones sera celle qui va tournebouler les sens et le cœur de Miles, l’impitoyable avocat spécialisé dans la gestion de divorces pour lesquels il a mis au point un contrat en béton.
Obsédé par ses cheveux dans "O’ Brother", le beau George fait cette fois-ci une fixette sur ses dents. Un running gag qui lui permet de découvrir régulièrement le large sourire carnassier de feu Cary Grant. La comédie burlesque basée sur l’affrontement entre deux escrocs de sexes opposés, qui vont alterner tout au long du film coups tordus et séduction langoureuse (dont la sincérité ne dupe personne, sauf bien sûr l’élément mâle du duo en général bien plus vulnérable sur cet aspect des relations humaines), fonctionne plutôt bien, même si dans le genre, on a vu mieux.
Le critique Jean-Baptiste Morain expliquait que cet exercice imposé laissait transparaître la volonté maladive des Coen de tout maîtriser au détriment de la naïveté dont faisait preuve Ernest Lubitsch, parvenant pour le coup à rendre attachants ses personnages. Ce manque de spontanéité pour ces deux cérébraux que sont les frères Coen fait tomber à plat certaines scènes, comme celle de l’entame avec un Geoffrey Rush à catogan complètement en surrégime. Idem pour Billy Bob Thornton, qui possède heureusement le talent nécessaire pour se sortir de toutes les ornières.
"Intolérable cruauté" peut se déguster avec modération, mais on peut malheureusement ou heureusement constater que l’exercice de la commande n’est pas fait pour Ethan et Joel Coen qui, avec une fin en queue de poisson, semblent avoir eu quelques difficultés pour venir à bout de celle-ci.