« My name is Marla Grayson, and I'm not a lamb. I am a fucking lioness! »
titre original | "I Care a Lot" |
année de production | 2020 |
réalisation | J Blakeson |
scénario | J Blakeson |
photographie | Doug Emmett |
musique | Marc Canham |
interprétation | Rosamund Pike, Peter Dinklage, Eiza González, Dianne Wiest, Alicia Witt |
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
"I Care a Lot" de J Blakeson, le réalisateur anglais déjà auteur en 2009 de l’intrigant "La Disparition d’Alice Creed" qui révéla Gemma Arterton à la critique, a été qualifié de thriller amusant. D’autres ont prétendu qu’il mimait le féminisme et jubilait ses outrances. Curieuse manière à vrai dire de regarder ce film qui, à travers le personnage interprété par Rosamund Pike, brosse sans doute un portrait exagéré de celle qui, à la tête d’une escroquerie s'attaquant aux personnes âgées isolées et fragilisées, semble jouir goulûment avec sa complice et partenaire sexuelle (Eiza González) de l’impunité qui est la sienne.
En effet, Maria Grayson (Rosamund Pike), tutrice agréée, mime si bien la compassion et le désintéressement qu’elle est parvenue à s’attirer la confiance totale du juge en charge de décider du placement d’office en maison de retraite des personnes jugées vulnérables. Des personnes triées sur le volet par les deux femmes, qui ensuite se chargeront de faire main basse sur leurs biens pour assurer le paiement annuel de leur placement. Tout ceci en relation avec des directeurs de maisons de retraite peu scrupuleux, et avec l'aide d'une médecin (Alicia Witt) faisant fi d’Hippocrate pour valider un placement pas souvent justifié. Mais les affaires, si elles semblent parfaitement huilées, ne vont pas sans heurts. Cela va être le cas quand une toute nouvelle recrue (Diane Wiest) va se montrer récalcitrante au-delà de toute prévision.
Rosamund Pike, nouvelle icône d’Hollywood depuis son rôle marquant dans "Gone Girl" de David Fincher (2014), est tout simplement confondante, offrant une beauté glaçante pondérée par un sourire éclatant qui, selon l’interlocuteur qui lui fait face, peut provoquer l’effroi ou le désir, quand ce n’est pas les deux mélangés. Le cynisme qu’elle dégage a semblé déranger quelques critiques, qui préféreront lui voir mimer le féminisme. L’égalité entre les sexes faisant son chemin, il est louable que certaines femmes courageuses acceptent d’endosser des rôles ingrats autrefois réservés aux hommes. Il faut bien intégrer qu’avec le temps, le rôle de victime ne pourra plus être systématiquement attribué à la gent féminine. De là sans doute un certain malaise ressenti par une critique activiste, qui s’est réjouie des outrances utilisées par J Blakeson dans sa seconde partie, quand il introduit, avec l’excellent Peter Dinklage, un mafieux russe dérangé dans son business par Miss Grayson.
La conclusion en pied de nez, effectivement maligne et jouissive, ne doit pas faire oublier pour autant que le capitalisme n’a pas de d’état d’âme, se chargeant de prendre l’argent n’importe où il se trouve. Et ce sont trois femmes qui s’en chargent. Bienvenue au club, et bravo à Rosamund Pike, qui ne s’est sans doute pas fait que des amies dans les courants néo-féministes.
Un film parfaitement interprété, qui use habilement de différentes tonalités pour rappeler que derrière les publicités lénifiantes affirmant le souci que certaines entreprises ont du grand âge, c’est surtout à leur portefeuille qu’elles s’intéressent. La conclusion du film enfonce encore le clou.