titre original | "The Hunger Games" |
année de production | 2012 |
réalisation | Gary Ross |
scénario | Gary Ross, Billy Ray et Suzanne Collins, d'après le roman de cette dernière |
photographie | Tom Stern |
musique | James Newton Howard |
interprétation | Stanley Tucci, Wes Bentley, Jennifer Lawrence, Liam Hemsworth, Elizabeth Banks, Woody Harrelson, Lenny Kravitz, Jack Quaid, Donald Sutherland |
épisodes suivants |
• "L'Embrasement" de Francis Lawrence, 2013 |
• "La Révolte - 1ère partie" de Francis Lawrence, 2014 | |
• "La Révolte - 2ème partie" de Francis Lawrence, 2015 |
♦ Article consacré à "Hunger Games" (analyse) : Re-lecture philo
Discipline : philosophie - Niveau : lycée
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
La course au public adolescent est l'enjeu premier des blockbusters bourrés d'effets spéciaux. Les producteurs savent que ce sont eux qui font le succès en salle d'un film et de ses suites éventuelles, et surtout qui mettront en branle la formidable machine à cash que sont les produits dérivés. "Hunger Games", adapté d'une trilogie romanesque récente de Stephenie Meyer, n'a clairement pas d'autre visée.
Pas très original, repiquant sur moult films ayant fait leurs preuves dans le genre survival, des fameuses "Chasses du comte Zaroff" (Ernest B. Schoedsack, 1932) jusqu'au plus récent "Battle Royale" (Kinji Fukasaku, 2000), le film de Gary Ross s'avère plutôt malin, remplissant parfaitement son cahier des charges en dépit d'une mise en route plutôt laborieuse où le décorum pour le moins boursouflé voulu par Gary Ross finit par légèrement agacer tellement on a hâte au bout d'une heure de voir ces jeux promis si terribles enfin commencer. C'est comme une cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques qui serait plus longue que les Jeux eux-mêmes.
En attendant les hostilités, barbares que nous sommes, avons largement le temps d'admirer les costumes dernier cri mis au point par Judiana Makovsky, fidèle collaboratrice de Gary Ross, dont la palme revient assurément à celui porté par Stanley Tucci, d'un kitsch tel qu'il finit par rendre complètement sobre le pourtant chatoyant costume à paillettes porté par Michel Piccoli, en son temps animateur lui aussi de jeux du cirque quelque peu identiques dans "Le Prix du danger" d'Yves Boisset (1983).
La thématique sous-jacente du film sur le goût du sang de l'homme et sa tendance naturelle à la domination est plutôt classique et surtout ne sert que de prétexte à introduire le propos du film. Rien de très neuf de ce côté-là. L'idée de mettre en scène des adolescents n'est pas non plus très nouvelle car, on l'a dit plus haut, directement inspirée de "Battle Royale". C'est donc sur le déroulement de la chasse et sur le portrait de l'héroïne proposé par Ross que le succès de l'entreprise repose.
On l'a dit, la chasse semble bien longue à se mettre en place si l'on pense que "Les Chasses du comte Zaroff" vieilles de 80 ans commençaient quasiment par le jeu de massacre. La crédibilité de "Hunger Games" repose donc exclusivement sur les épaules de la toute jeune Jennifer Lawrence révélée dans "Winter's Bone" (Debra Granik, 2010). Charismatique en diable, avec une assurance remarquable digne d'une vieille routière, la jeune femme gomme à elle seule tous les petits défauts formels du film. Sa prestation est d'autant plus méritoire qu'elle n'est pas vraiment aidée par les quelques pointures présentes, comme Donald Sutherland et Woody Harrelson semblant autant s'intéresser à ces chasses que nous-mêmes à la rédaction de notre feuille d'impôts. D'ailleurs, les impôts auraient bien quelque chose à voir avec leur présence fatiguée.
La saga semble malgré tout bien née et il faut espérer que les scénaristes profiteront des prochains épisodes pour revoir un tantinet leur copie.
La chronique de Gilles Penso