"Graine de violence"

Critique extraite de 50 ans de cinéma américain de Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon

Il est aussi difficile de dire du mal de Brooks que d'en dire du bien. Toutes ses œuvres (même les plus ratées comme "Les Frères Karamazov") sont profondément estimables dans le principe, mais les trois quarts font bailler d'ennui le spectateur objectif par leur lourdeur, par leur manque d'invention visuelle, par une certaine laideur même, défauts qui culminent dans le plus grand succès de Brooks, l'horrible "Graine de violence".

Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard

Un film courageux et sincère (qui met en relief un point noir de la réalité américaine : la délinquance juvénile dans le cadre scolaire)... mais médiocre. Un film intéressant (l'enseignant n'est que rarement le héros d'un film)... mais médiocre. Un film historiquement important (il lança la mode durable du rock avec le célébrissime "Rock Around the Clock" de Bill Haley)... mais médiocre. Médiocre pourquoi ? Parce que ce film, pétri de bonnes intentions, est totalement "téléphoné". Parce que les solutions qu'il propose sont irréalistes et fallacieuses (dans un établissement difficile, il vaut mieux comme Dadier sortir de chez les Marines et jouer du coup de poing sinon on est un loser contraint à la démission). Parce qu'il répond aux questions au lieu de les poser en profondeur (la bonne volonté règle tous les problèmes). Parce qu'il a terriblement vieilli. Un film médiocre mais... important car il constitue un passage obligé du cinéma moderne.

Du roman à l'écran

Le scénario de "Graine de violence" est tiré d'un roman écrit par l'américain Ed McBain sous le nom d'Evan Hunter. C'est également sous ce nom que McBain a écrit le roman "A Matter of Conviction", qui fut l'objet d'une adaptation cinématographique par John Frankenheimer en 1961 sous le titre "Le Temps du châtiment", ainsi que le scénario des "Oiseaux" de Alfred Hitchcock.