titre original | "The Girlfriend Experience" |
année de production | 2009 |
réalisation | Steven Soderbergh |
scénario | David Levien et Brian Koppelman |
photographie | Steven Soderbergh |
montage | Steven Soderbergh |
interprétation | Sasha Grey, Chris Santos |
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
Steven Soderbergh a pour heureuse habitude d'alterner grosses productions et films plus intimistes. Avec "Girlfriend Experience", nous sommes en présence de l'un des travaux récréatifs de l'auteur, qui semble vouloir désormais se ressourcer entre deux blockbusters. Ce que l'on peut affirmer, c'est que quel que soit le sujet abordé, Soderbergh a trouvé la recette pour rendre son propos attractif et perspicace. Il faut sans doute y voir une parenté avec les grands anciens au talent protéiforme qu'étaient les John Ford, Fritz Lang, Michael Curtiz ou Anthony Mann.
Il aborde ici l'univers des prostituées de luxe. L'époque étant ce qu'elle est, Chelsea - c'est le prénom de l'héroïne - est devenue une véritable business woman, qui réfléchit à tous les aspects de son métier, que ce soit dans la gestion de son emploi du temps et de sa fortune, la lutte contre la concurrence, la recherche de la notoriété et de nouvelles parts de marché, sans oublier la diversification de son activité en vue d'une future reconversion.
Comme souvent pour ses petites productions, Soderbergh ne s'entoure pas de stars, afin d'accroître la vraisemblance de son propos et de pouvoir naviguer dans une sorte d'underground de bon aloi. Là, il "débauche" une star du porno pour lui faire jouer le rôle qui est peut-être le sien dans la vraie vie.
Chelsea tente de tout gérer au mieux de ses intérêts, y compris le couple qu'elle forme avec un professeur de musculation, mais c'est compter sans les sentiments qui peuvent venir perturber cette belle mécanique. Chelsea l'apprendra à ses dépens, et elle devra continuer sa route sans doute un peu plus "cuirassée" qu'elle ne l'est déjà. Un film qui en dit long sur les rapports humains dans les grandes métropoles où tout semble formaté, y compris le sexe.
On est, on l'aura compris, très loin de l'utopie soixante-huitarde née de Woodstock. Une nouvelle étape a été franchie depuis "Sexe, mensonges et vidéo". C'est ce que semble nous dire la caméra intrusive de Soderbergh.