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"D'Artagnan"

D'Artagnan - affiche

titre original "The Musketeer"
année de production 2001
réalisation Peter Hyams
scénario d'après Alexandre Dumas père
interprétation Justin Chambers, Stephen Rea, Catherine Deneuve, Jean-Pierre Castaldi, Tim Roth

La critique de Sébastien Miguel pour Plans Américains

Il était une fois une bande de canailles qui décidèrent de s’installer, armées de leurs gros camions et de leurs billets verts, sur la belle place des Capitouls. Les locaux (maires, élus, collectivités) déroulèrent immédiatement le tapis rouge en sortant de leurs coffres forts les quelques écus qui leur restaient encore. Associations culturelles, productions audiovisuelles régionales : plus rien ne comptait sinon soutenir les raclures ricaines dans leur grande entreprise de lobotomisation de masses.

Tous les (approximatifs) étudiants en cinéma - et croyez-moi, il y en avait beaucoup ! - balancèrent leur CV aux super professionnels du 7e art en espérant enfin être reconnus pour ce qu’ils étaient, à savoir des esprits universels trouvant enfin la possibilité de cracher à la face du monde leur génie créateur intemporel. Sans anticiper, hélas, que seul le job de dix-septième assistant café leur serait proposé…

Tout allait pour le mieux au pays du rugby et du cassoulet jusqu’au quatrième jour de tournage. Les esthètes universitaires, transformés pour l’occasion en anonymes figurants, crièrent à la révolte ! À la Fronde !

Pas de moyen de restauration, rien pour s’assoir, une température atroce dans la salle des illustres et aucun contrat de travail en bon et due forme. 500 francs pour plus de 17 heures de tournage dans des conditions exécrables. Les immondes eurent même l’outrecuidance de perturber la scène du banquet empêchant sa majesté Deneuve de déguster tranquillement ses ortolans.

Du côté de la Capitol Production (les canailles avaient, bien sûr, quelques complices au niveau local…), c’était la stupéfaction, la consternation. Comment, après tant d’efforts déployés pour mettre en avant cette région remplie d’autochtones décérébrés, les gueux osaient-ils encore réclamer des conditions de travail décentes ??? Pour les étrangers qui avaient daigné faire une halte dans ce trou à ploucs, c’était la remontée gastrique !

Tout rentra finalement dans l’ordre (après une petite visite de courtoisie de l’inspection du travail). Les crapules finirent leurs scènes toulousaines (en supprimant quand même la séquence avec les figurants !), et les pouilleux se virent offrir un menu McDeluxe avec grande frite et Coca, les Ricains ne connaissant manifestement pas d'autre moyen de nourrir le bas peuple.

Le film (car oui, il faut en dire un mot) sortit plus d’un an après la tragédie toulousaine. Retiré au bout d’une semaine (et cela, malgré la présence gracieuse de Jean-Pierre Castaldi grimé en hippie), "D’Artagnan" fut taxé par la presse de « western bourrin dépassé ».

L’excrément disparut à jamais dans les limbes des navets honteux et dispendieux et aucune autre super production ne prit le risque de remettre les pieds dans cette contrée reculée farcie de primitifs agressifs.