titre original | "Bloodsport" |
année de production | 1988 |
réalisation | Newt Arnold |
scénario | d'après la biographie (contestée) de l'expert en arts martiaux Frank Dux |
musique | Paul Hertzog |
production | Yoram Globus et Menahem Golan |
interprétation | Jean-Claude Van Damme, Donald Gibb, Forest Whitaker, Bolo Yeung |
La critique de Sébastien Miguel pour Plans Américains
Un affabulateur narcissique inventant de toute pièces sa propre légende (Dux), un producteur de l’ancien temps qui mise sur un inconnu musculeux qui pleurniche dans son bureau (Golan), un scénario accumulant tous les poncifs imaginables sur les films de tournois.
Le tout avec des personnages stéréotypés jusqu’à l'outrance : la journaliste blonde et arriviste, le bon pote biker bien beauf (doublé par Yves Rénier !), le méchant Chinois sorti tout droit d'"Opération dragon". On a même droit au noir qui casse des noix de coco avec ses mains et fait le macaque sur le ring.
Pourtant, miracle du 7e art : tout fonctionne ! Le rythme (le film fut remonté entièrement par Van Damme après un premier montage jugé désastreux par Golan), le jeu des acteurs (Van Damme d’une grande sobriété - hormis les grimaces dans le combat final - est d’un charisme impressionnant), les péripéties (déjà vu mille fois) sont bien agencées et sans aucun temps mort.
Absolument rien de réaliste - malgré les mensonges sur les affiches publicitaires de l’époque -, mais une série B hyper naïve et parfaitement exécutée.
L’une des seules réussites de la Cannon.
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
"Bloodsport" est le quatrième film dans lequel apparaît Jean-Claude Van Damme, mais son premier dans un rôle principal. Le producteur Menahem Golan a bien fait, au sortir d’un restaurant, de se laisser impressionner par un Jean-Claude Van Damme ne sachant alors plus très bien à quel saint se vouer pour enfin réussir à percer dans la Mecque du cinéma et qui, tentant le tout pour le tout, accoste Golan pour lui faire une démonstration de karaté sur le parking du dit restaurant. Le film a en effet rapporté plus de quarante fois son budget.
On connaît la suite faite de hauts et de bas pour l’ancien Mr Belgique de bodybuilding qui, en 1978, croit dur comme fer en sa bonne étoile. Un physique plutôt plaisant et une condition physique parfaite alliés à une excellente maîtrise des arts martiaux en font alors un des candidats à la succession toujours en cours de Bruce Lee. Pour le jeu d’acteur, c’est autre chose. Raison pour laquelle, Van Damme, comme d’autres avant et après lui, a toujours été cantonné dans le film d’action de série B tout d’abord, puis de plus en plus loin dans l’alphabet quand son étoile a commencé à pâlir.
"Bloodsport" réalisé par Newt Arnold marque donc le début d’une ascension qui va faire de Van Damme jusqu'au milieu des années 1990 l’un des acteurs les plus rentables d’Hollywood. Rien à dire de très original sur l’histoire inspirée de la biographie romancée de Frank Dux, spécialiste d’arts martiaux canadiens, lui-même peu avare d’exploits non vérifiés. Capitaine dans l’armée américaine, Frank Dux (Jean-Claude Van Damme) s’enfuit de sa caserne pour participer à Hong Kong au Kumite, tournoi clandestin de kick boxing se déroulant tous les cinq ans où tous les coups sont permis y compris jusqu’à la mort.
Parfaitement calibré pour les amateurs du genre, le film respecte à la lettre tous les canons du film de karaté où l’essentiel est tout de même de voir les karatékas en action, et notamment le très musclé Jean-Claude Van Damme avec son regard encore poupin qui fait un peu sourire quand il imite gauchement les mimiques et grimaces si caractéristiques de feu Bruce Lee, dont tout le monde sait bien qu’il est irremplaçable et surtout inimitable. Très agile, le Belge n’arrive pourtant pas vraiment à impressionner par manque d’une sauvagerie qu’il tente pourtant studieusement de reproduire en imitant maladroitement le maître précité.
Toutefois, le recul aidant et connaissant le parcours chaotique de l’acteur belge très populaire en France, en partie pour ses saillies philosophiques qui nous rappelle un sens de l’absurde, marque d’une réelle « belgitude » qu’il partage avec les François Damiens, Benoît Poelvoorde et autres Bouli Lanners, on peut prendre plaisir à voir les prestations appliquées d’un Van Damme qui, à l’image des Sylvester Stallone, Nicolas Cage ou John Travolta, n’a jamais désarmé (60 films à son actif). L’argent n’est sans doute pas étranger à cette obstination à braver les ans dans un genre qui ne pardonne rien aux effets du temps. Mais peut-être davantage encore faut-il y voir chez ces héros des années 1980, une fidélité viscérale à une image durement construite qui les a aidés à s’arracher à leur condition pour réussir dans un milieu a priori hors de leur portée.
On notera la présence roborative de Donald Gibb en bon copain du champion ainsi que celle, plus discrète, d’un Forest Whitaker qui n’a pas encore percé.
La critique de Pierre
"Bloodsport", c'est réalisé par Newt Arnold (jamais revu depuis) pour la Cannon, et surtout c'est le film qui a fait de Van Damme une star du jour au lendemain. Il n'avait pas 30 ans à l'époque.
Le pitch : à Hong Kong, un tournoi secret, le "Kumité", est organisé entre les plus grands combattants du monde. Frank Dux (JCVD) s'y rend avec la ferme intention de battre le champion en titre, Chong Li (Bolo Yeung)...
Impossible de faire un scénario plus basique. Il y a le héros, jeune et beau, et : 1) son vieux maître japonais, qui l'a élevé à la dure au métier des arts martiaux, 2) sa meuf, une journaliste jeune et jolie, 3) son pote, un gros rigolo, balèze (il arrive à mettre une tarte au méchant, ce qui est en soi un exploit), mais quand même pas autant que le héros (il termine à l'hosto), 4) son nemesis, Bolo Yeung (un habitué du genre), un affreux sanguinaire qui n'hésite pas à tuer ses adversaires pendant le tournoi.
La trame est donc d'un classicisme éprouvé... et c'est la force du film. Ça ne s'arrête pas du début à la fin. On dirait une gigantesque partie de "Tekken". À l'époque, tout le monde cherchait encore le nouveau Bruce Lee, et franchement, il faut reconnaître que JCVD faisait bien l'affaire : il est vraiment très très bon dans les scènes de fights, qui sont évidemment l'immense atout de "Bloodsport".
Franchement ? Dans le genre, c'est un must. On comprend pourquoi le film a cartonné à l'époque partout dans le monde. Je recommande vivement.