« The last time I looked I was a little girl. And I, I blink, and I look like my mother. »
titre original | "Blink" |
année de production | 1993 |
réalisation | Michael Apted |
photographie | Dante Spinotti |
interprétation | Madeleine Stowe, Aidan Quinn, James Remar, Peter Friedman |
Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard
Ce suspense, qui tient à la demi-cécité de l'héroïne qui a vu ce qu'elle n'aurait pas dû voir, repose sur de nombreux effets optiques, puisque les scènes sont aperçues à travers la rétine malade d'Emma. Ce thriller optique n'est pas sans charme, mais on devine vite l'énigme.
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
En 1993, le thriller est en vogue et Madeleine Stowe séduit beaucoup avec sa beauté diaphane qui vient de faire tomber sous le charme tous ceux qui, deux ans plus tôt, l’ont vue aux côtés de Daniel Day Lewis dans "Le Dernier des Mohicans" de Michael Mann. De son côté, Michael Apted montre une appétence pour le genre, puisqu’il vient de réaliser coup sur coup "Affaire non classée" (1991) et "Cœur de tonnerre" (1992). Sans être des triomphes, les deux films se sont correctement tenus au box-office qui, on le sait, ne pardonne jamais très longtemps à Hollywood.
New Line Cinema, après que Julia Roberts, elle aussi très en vogue, ait refusé le projet, fait appel à Madeleine Stowe, qui exige que l’aveugle qu’elle va interpréter soit une violoniste plutôt qu’une écrivaine. C’est Dana Stevens, la femme de Michael Apted, qui écrit le scénario. Une jeune violoniste aveugle depuis son enfance retrouve la vue grâce à une greffe de cornées. Sa rééducation s’avère difficile, son cerveau devant se réadapter lui transmet avec un effet retard certaines images vues auparavant. Phénomène qui perturbe grandement la jeune femme de nature plutôt solitaire. Elle s’avère rapidement être le témoin de la fuite de l’assassin de sa voisine de palier. Comme souvent avec Michael Apted, les prémisses de ses thrillers sont plutôt intrigantes. S’ajoute ici un aspect plutôt innovant, même s’il est hautement improbable. Mais Miss Stowe, plutôt convaincante en biche apeurée, compense efficacement.
Son arrivée au poste de police va malheureusement marquer la fin de la bonne surprise de l'entame. La jeune femme tombe en effet sur l’inspecteur de police (Aidan Quinn) qui, quelques jours plus tôt, alors qu’il était en « bordée » avec ses collègues du commissariat, a assisté à un concert où Emma Brody (Madeleine Stowe) jouait avec son groupe folklorique. Subjugué par la beauté de la violoniste et passablement éméché, il ne va rien trouver de plus intelligent que d’entamer un strip-tease dans le cabaret pour attirer l’attention de celle qui est encore aveugle. Par la plus grande des coïncidences, c’est lui qui va se voir charger de l’enquête quand le corps mutilé de la voisine va être découvert ! On comprend très rapidement que la romance s’annonce. Le flic va tout faire pour se refaire une réputation auprès de celle qu’il va désormais surveiller de très près.
La suite est cousue de fil blanc et Michael Apted, tout comme sa scénariste, tiennent solidement l'aiguille. L’enquête est proprement délaissée pour laisser les tourtereaux se jauger jusqu’à tomber dans les bras l’un de l’autre. L’intermède occupe une bonne moitié du métrage, tombant rapidement dans les poncifs et la mièvrerie. Madeleine Stowe ne sait plus très bien comment se dépêtrer de ce piège, alors que Aidan Quinn, qui est charismatique comme une poignée de porte, finit tout simplement par agacer. Ce n’est que lorsque l’enquête redémarre enfin que Michael Apted se rappelle qu’il dirige un thriller. Un peu tard sans doute, et de manière un peu bâclée faute de temps bien sûr, même s’il finit par retomber sur ses pattes. Entre temps, il aura été comme ce n’est pas la première fois incapable de donner vie active à ses seconds rôles. Il ne s’est par exemple pas rendu compte qu’il avait en la personne de James Remar un excellent acteur, qui sera plus tard le père de Michael C. Hall dans la série "Dexter" et qui fera une carrière bien plus intéressante que celle de Aidan Quinn.
Décidément, Michael Apted est incorrigible et encore une fois, sur son bulletin de notes, on pourrait noter : « Doit être plus attentif à ne pas se disperser. Peut mieux faire. »
La chronique de Gilles Penso