titre original | "Arlington Road" |
année de production | 1999 |
réalisation | Mark Pellington |
musique | Angelo Badalamenti |
interprétation | Jeff Bridges, Tim Robbins, Joan Cusack |
La critique de Pierre
Le 21 avril 1999, plusieurs films sont sortis sur les écrans français, parmi lesquels "Arlington Road" et "Jugé coupable". Clairement, j'ai choisi "Jugé coupable". Ce serait à refaire aujourd'hui, je le referais. Mais ça n'est pas une raison pour ne pas découvrir, avec dix ans de retard, cet "Arlington Road" dont un ami m'a toujours dit du bien.
Le pitch : un professeur d'histoire (Jeff Bridges) est persuadé que son nouveau voisin (Tim Robbins) est un dangereux terroriste... Il a raison ou pas ?
L'histoire démarre un peu comme celle de "Jeux d'adultes", très mauvais film de Pakula de 1992. Sauf qu'en fait, c'est largement mieux fait et les acteurs sont vraiment bons (Bridges est toujours bon de toute façon ; même quand il est mauvais, il est bon). La mise en scène est carrée (Mark Pellington : inconnu au bataillon), digne du thriller 90's qu'est "Arlington Road".
Mais il faut bien dire - et c'est là que c'est dur de ne pas spoiler - que le vrai prix de ce film se trouve dans son dénouement, pour le moins impressionnant. J'y ai même retrouvé un petite sensation depalmesque (personnages qui courent au ralenti, lumière stroboscopique, etc.). Bon.
Donc, au final, ça se mate très très bien, et la fin est vraiment soufflante. Un parfait film du dimanche soir. Mais "Jugé coupable" est meilleur.
La critique de Didier Koch pour Plans Américains
C'est juste après son rôle mythique du "Dude" dans "The Big Lebowski" des frères Coen que Jeff Bridges s'embarque dans ce thriller paranoïaque qui surfe sur l'idée, répandue depuis l'assassinat du président Kennedy par Lee Harvey Oswald le 22 novembre 1963, que des organisations secrètes (mafia, loges diverses...), toutes mal intentionnées, fomentent très minutieusement leurs attentats contre les institutions sous couvert du tueur fou isolé. Une aubaine pour les médias et les gouvernants qui peuvent ainsi rassurer le peuple. Une tentation que l'on peut encore vérifier en ces années 2010 où l'Europe doit faire face à un terrorisme identitaire qui déstabilise l'autorité des gouvernements.
C'est donc dans une banlieue très bourgeoise de Washington que Michael Faraday (Jeff Bridges), veuf d'une responsable du F.B.I. morte en service et obsédé par la théorie du complot, va progressivement suspecter son nouveau couple de voisins (Tim Robbins et Joan Cusack) d'être des agents d'une de ces organisations occultes. Curieuse coïncidence posée d'emblée par le scénario d'Ehren Kruger, qui est assez vite digérée tellement Mark Pellington parvient, dans un premier temps, à insuffler une bonne dose d'angoisse montant crescendo.
Certes, Jeff Bridges surjoue un peu la douleur du veuf éploré en quête de comprendre les réelles raisons de la mort de sa femme, mais les jalons adroitement posés par le scénario nous font adhérer jusqu'à un certain point au ressort de cette histoire un peu abracadabrantesque. Malheureusement, la logique du scénario et son issue finale amènent à une surenchère d'invraisemblances dont tout le film finit par pâtir, en particulier un Jeff Bridges obligé d'en faire des tonnes pour tenter de faire admettre le comportement complètement irrationnel de ce professeur de faculté ayant perdu tout sens commun.
Tim Robbins, dans un rôle plus facile à défendre, s'en sort plutôt bien, mais c'est Joan Cusack, la sœur de John, qui très sobre, se révèle en quelques scènes proprement terrifiante.
Après de réelles promesses, le film de Pellington montre logiquement toutes ses faiblesses encore plus évidentes lors d'une deuxième vision. Ce petit écart somme tout pas infamant ne vient en rien compromettre la solide filmographie de Jeff Bridges.