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"4 New-Yorkaises"

4 New-Yorkaises - affiche

titre original "Used People"
année de production 1992
réalisation Beeban Kidron
scénario Todd Graff, d'après sa propre pièce "The Grandma Plays"
photographie David Watkin
interprétation Shirley MacLaine, Marcello Mastroianni, Kathy Bates, Jessica Tandy, Marcia Gay Harden, Joe Pantoliano

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

L'amour n'a pas d'âge et est plus fort que la mort : c'est ce qu'entend démontrer "4 New-Yorkaises", film de Beeban Kidron, réalisatrice britannique relativement confidentielle hors de ses frontières.

Joe Meledandri, Italien pur jus à la retraite, est tombé amoureux de Pearl 23 ans auparavant, quand il l'aperçut un soir à sa fenêtre dans les bras de son mari qu'il venait de consoler parce que celui-ci  pensait qu'il ne méritait pas l'amour de sa femme et songeait à la quitter. Joe apparaît donc à Pearl le premier jour de son veuvage pour lui déclamer son amour et lui proposer de la rendre heureuse jusqu'à la fin de ses jours.

Le propos, certes très romantique, est hautement improbable, mais ce qui importe à Beeban Kidron, c'est le jeu relationnel qui se met en place à partir de ce postulat de départ anachronique, qui va mener à une confrontation souvent amusante entre la communauté juive qui gravite autour de Pearl et la communauté italienne dont est issu Joe. La progression de la relation entre les deux tourtereaux déjà bien avancés sur le chemin de la vie est le prétexte à des saynètes souvent attendrissantes et cocasses, où les acteurs chevronnés ont l'occasion de montrer par couples générationnels toute l'humanité de leurs personnages.

Au-delà du couple Mastroianni/MacLaine qui se complète à merveille alors que l'association ne semblait pas évidente au départ, Kidron est allée chercher Jessica Tandy et Sylvia Sidney, deux actrices qui ont connu leur heure de gloire dans le Hollywood des années 30 et 40, toutes les deux admirables en vieilles copines qui se chamaillent à longueur de temps pour savoir si elles iront finir leurs jours en Floride. Idem pour les deux filles de Pearl, interprétées par Kathy Bates et Marcia Gay Harden, qui se disputent l'amour de leur mère et se cherchent une voie dans la vie : l'une passe son temps à se grimer en star de l'écran, étant un jour la copie conforme de Marilyn, le lendemain l'image parfaite de Faye Dunaway ou d'Audrey Hepburn ; l'autre lutte contre ses rondeurs qui la placent depuis toujours en retrait aux yeux de sa mère.

On le voit, "4 New-Yorkaises" est un film de femme fait pour les femmes, où le suave Marcello Mastroianni, en fin de parcours mais l'œil encore malicieux, parvient sans problème à se frayer un chemin jusqu'au cœur de la toujours ravissante et mutine Shirley MacLaine.

Les grincheux reprocheront sans doute à Beeban Kidron une vision du monde un peu guimauve, et ils n'auront pas tort, mais de temps à autre, un peu de cette potion ne peut pas faire de mal, surtout quand elle est servie par un si joli casting.