Menu Fermer

"Une étrangère parmi nous"

Une étrangère parmi nous - affiche

titre original "A Stranger Among Us"
année de production 1992
réalisation Sidney Lumet
scénario Robert J. Avrech
photographie Andrzej Bartkowiak
musique Jerry Bock
interprétation Melanie Griffith, Eric Thal, James Gandolfini

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

"Une étrangère parmi nous" n'occupe pas une place choix dans la très dense filmographie de Sidney Lumet. Ce film policier, qui n'en n'est pas vraiment un, n'a eu qu'un relatif succès commercial et très peu de soutien de la part de la critique. Il est vrai que le scénario écrit par Robert J. Avrech, qui avait déjà officié auprès de Brian De Palma sur "Body Double", tente le pari osé de marier intrigue policière avec romance à travers une  immersion très documentée dans la communauté juive hassidique de New York.

À l'époque, "Le Silence des agneaux" de Jonathan Demme vient tout juste de révolutionner l'univers du thriller, et il est de bon ton de lui emboiter le pas. Dès lors, pas étonnant que cette intrigue un peu relâchée, qui s'attarde sur la confrontation entre une détective au franc parler et à la gâchette facile, jouée par Melanie Griffith, et un futur rabbin (Eric Thal) tourneboulé par tant de féminité exposée, n'ait pas passionné plus que cela. Lumet et Avrech, de confession juive tous les deux, ont sans aucun doute pris le plus grand plaisir à faire de la troublante Melanie Griffith l'éléphant dans le jeu de quilles que représente une communauté très refermée sur elle-même.

Bizarrement, le film a plutôt bien vieilli, et l'on peut se rendre compte que l'ensemble est parfaitement équilibré, et surtout parfaitement interprété, comme presque toujours avec Sidney Lumet. On est certes loin des chefs-d'œuvre du grand réalisateur, mais "Une étrangère parmi nous" vaut le détour, ne serait-ce que pour admirer Melanie Griffith au sommet de sa sensualité.

Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard

L'attrait du film est, bien sûr, outre l'enquête, le contact assez rude entre cette femme "moderne" et les hassidim, dont les us et coutumes remontent à un courant religieux des 12e et 13e siècles, situation compliquée, dans ce monde fermé et disons-le étrange, par un amour naissant entre Emily et un Ariel, jeune rabbin en herbe promis à un brillant avenir. Amour chaste et pur qui se terminera, invitus invitam, sur un constat d'impossibilité.

Mené bon train par Sidney Lumet, ce film manque pourtant d'un certain punch, mais, étayé par un jeu d'acteurs parfaitement maîtrisé (Melanie Griffith est parfaite), et sur une écriture alerte, l'ensemble est solide, pittoresque, et sans aucune tentation documentaire.

On a dit que les hassidim faisaient très "boy scouts", et en particulier le jeune Hassid prêt à faillir. Pourtant, ce monde particulier est bien ainsi dans la réalité, et sans doute est-il malaisé de le rendre plausible lorsqu'il entre dans la fiction.