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"The Passenger"

Liam Neeson prend le train

The Passenger - affiche

titre original "The Commuter"
année de production 2018
réalisation Jaume Collet-Serra
interprétation Liam Neeson, Vera Farmiga, Patrick Wilson, Sam Neill, Elizabeth McGovern, Letitia Wright

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

Jaume Collet-Serra, jeune réalisateur espagnol prometteur œuvrant initialement à Hollywood dans le domaine du fantastique ("La Maison de cire" en 2005 et "Esther" en 2009) et Liam Neeson, solide acteur irlandais parvenu à force d'abnégation à se faire une place de choix dans la Mecque du cinéma, se sont rencontrés en 2011. Depuis lors, chacun se nourrit de ce que l'autre peut lui apporter.

Collet-Serra a trouvé en Liam Neeson un sésame pour creuser son trou de manière durable dans le cinéma de série B en attendant peut-être de passer dans la catégorie supérieure. De son côté, Neeson, ayant passé la soixantaine, a entrepris depuis dix ans une reconversion un peu semblable à celle qu'avait effectué Harrison Ford au détour des années 90, essentiellement centrée sur l'efficacité commerciale à travers le film d'action. La collaboration avec Collet-Serra dans le rôle du yes-man lui permet donc d'exercer dans un environnement entièrement sécurisé compatible avec un agenda très chargé (plus de 30 films depuis 2008).

L'attelage, sous l'égide de la société de production (Dark Castle) de Joel Silver qui a mis le pied à l'étrier à Collet-Serra ("La Maison de cire"), démarre de manière encourageante avec "Sans identité" (2011), thriller musclé qui reprend le thème classique de l'homme pris par hasard dans un engrenage qui le dépasse et perdu dans une ville qu'il ne connait pas (en l'occurrence Berlin). Le succès est au rendez-vous, le film se plaçant exactement dans la lignée de la saga "Taken" que Liam Neeson interprète en parallèle et qui cartonne au box-office mondial.

"Non-Stop", trois ans plus tard, s'intéresse à un Marshall chargé de la sécurité d'un vol entre New York et Londres aux prises avec un maître-chanteur menaçant de faire exploser le long courrier. Le premier essai est largement confirmé et le duo peut dès lors envisager l'avenir sereinement.

"Night Run" sorti en 2015 propose un scénario plus complexe et abouti, qui permet à l'acteur chevronné de puiser davantage dans son répertoire. Le public qui suit Liam Neeson dans ses diverses aventures n'accepte pas de le voir incarner une certaine déchéance. Le film est un relatif échec, couvrant juste son budget.

"The Passenger", leur quatrième film, leur impose donc d'en revenir aux recettes éprouvées. On change de moyen de transport, et c'est dans un train que Liam Neeson doit une nouvelle fois sauver la veuve et l'orphelin avec, comme dans "Non-Stop", la difficulté d'affronter un adversaire qu'il doit identifier parmi les passagers. Rien de très nouveau donc, les enchainements devenant téléphonés, avec en sus un Liam Neeson semblant accuser le coup, sans doute un peu moins concerné.

Pour tenter de masquer l'effet répétitif et mécanique d'une intrigue plus qu'improbable, servant juste de fil conducteur à un twist final décevant, Collet-Serra multiplie les effets de caméra censés en mettre plein la vue, mais cela ne suffit pas à nous faire adhérer à ce film, qui s'avère au final assez fade malgré toute l'esbroufe déployée par la mise en scène. On est d'autant plus frustré que la présence de la très intrigante et sensuelle Vera Farmiga promettait beaucoup alors qu'elle occupe un rôle très secondaire.

Néanmoins, "The Passenger" a bien fonctionné au box-office, engageant sans doute les deux hommes à une nouvelle collaboration. Espérons que l'on échappera à Liam Neeson sauvant un paquebot du naufrage. On peut tout de même se demander si le plus jeune des deux compères n'est pas en train de restreindre dangereusement son champ d'action futur en gâchant son talent dans ce jeu de la production industrielle de séries B roboratives et sans âme.

The Passenger - affiche