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"Jackie"

Natalie Portman is Jacqueline Kennedy

Jackie - affiche

titre original "Jackie"
année de production 2016
réalisation Pablo Larraín
scénario Noah Oppenheim
photographie Stéphane Fontaine
musique Mica Levi
interprétation Natalie Portman, Peter Sarsgaard, Greta Gerwig, Billy Crudup, John Hurt, John Carroll Lynch
récompense Prix du meilleur scénario au festival international du film de Venise 2016

La critique de Sébastien Miguel pour Plans Américains

Vanity project accouchant d'une hagiographie assommante.

L'organisation des funérailles de JFK semble être le seul moment à raconter de la vie de la parfaite femme au foyer Jackie, bonne mère, bonne épouse et très grande maîtresse d'intérieur (affligeante reconstruction de la visite télévisuelle de la Maison-Blanche !).

John Hurt apparaît une dernière fois en prêtre et parle de foi pendant que Madame Kennedy s'interroge sur ses performances sexuelles...

Miss Portman, en pleine crise de narcissisme, est plutôt mauvaise.

Navrant.

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

Initialement conçu par Noah Oppenheim pour être une mini-série réalisée par Darren Aronofsky et sa compagne de l'époque Rachel Weisz, "Jackie" a fini par muter en projet cinématographique avec Pablo Larrain, le très politique réalisateur chilien, aux commandes. Aronofsky restant producteur, Natalie Portman, qu'il avait menée à l'Oscar pour "Black Swan" en 2010, s'impose assez vite comme la candidate idéale pour camper Jackie Kennedy, dont le scénario se propose d'observer l'attitude dans les jours qui ont suivi l'assassinat de John Kennedy le 23 novembre 1963 à Dallas.

Une semaine après la cérémonie officielle des obsèques, Jackie Kennedy reçoit à sa demande Theodore H. White (un journaliste) pour une interview qui, revue et corrigée par Oppenheim et Larrain, en révèle bien plus que l'ex-première dame ne l'aurait sans doute voulu. Tout en contrôle, celle qui est l'objet de toute l'attention depuis l'arrivée surprise de son mari à la Présidence le 20 janvier 1961, tente, avant ce qu'elle sait devoir être une seconde disparation, d'écrire la légende de son mari et, par ricochet, la sienne à travers le couple uni de façade qu'ils formaient. Face au tumulte infernal qui suit l'assassinat du jeune Président, Jackie tente, avec l'appui d'un Bob Kennedy (Peter Sarsgaard) un peu flottant, d'imposer une cérémonie grandiose, qu'elle veut l'égale de celle qui accompagna les funérailles d'Abraham Lincoln, assassiné lui aussi mais quelques mois après sa réélection le 8 novembre 1864.

Peu importe les turpitudes de son époux multipliant les maîtresses. Peu importe encore son bilan entaché par l'épisode fâcheux de la Baie des Cochons et le conflit vietnamien qui s'enlise. Seule l'image patiemment tissée durant trois ans restera. Pour imager cette attitude constante, Pablo Larrain scande son récit des images reproduites à l'identique de l'émission "A Tour of the White House with Mrs. John Kennedy", où la jeune locataire de la Maison Blanche tente de justifier de manière maladroite les somptueuses dépenses entreprises pour moderniser et anoblir le mobilier de l'auguste demeure.

La démonstration, très efficace, conduit à jeter encore un peu plus le trouble sur un exercice de la Présidence rempli de faux-semblants et ne donne pas une image très sympathique d'une Jackie Kennedy, chez qui il est bien difficile de distinguer ce qui relève du spontané ou du calcul. Mais n'en est-il pas ainsi de tout ce qui tourne autour du pouvoir ?

Il faut bien sûr saluer le talent immense de Natalie Portman, qui personnifie désormais à jamais feu Miss Jackie Bouvier à l'écran. "Jackie", qui se veut être un regard en coin sur une Présidence tout à la fois admirée et controversée, ne livre malgré tout pas grand-chose sur les plans historique et politique.

Couverture du numéro du 6 décembre 1963 du magazine Life
(photo prise le 25 novembre 1963)
Couverture du numéro de février 2017 des Cahiers du Cinéma
Couverture du numéro du 28 novembre 2016 du New York Magazine