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"Le Silence des agneaux"

L'un des trois films de l'histoire du cinéma à avoir raflé les 5 Oscars dits "majeurs"

Le silence des agneaux - affiche

titre original "The Silence of the Lambs"
année de production 1991
réalisation Jonathan Demme
scénario Ted Tally, d'après le roman éponyme de Thomas Harris
photographie Tak Fujimoto
musique Howard Shore
interprétation Jodie Foster, Anthony Hopkins, Scott Glenn, Anthony Heald, Ted Levine, Roger Corman, Chris Isaak
 
récompenses • Oscar du meilleur film
• Oscar du meilleur réalisateur
• Oscar du meilleur acteur pour Anthony Hopkins
• Oscar de la meilleure actrice pour Jodie Foster
• Oscar du meilleur scénario adapté
• Ours d'argent du meilleur réalisateur au festival international du film de Berlin 1991
Prix Edgar Allan Poe pour Ted Tally

Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard

Un terrifiant thriller, mené tambour battant et croisant les portraits de deux psychopathes criminels que leurs obsessions mettent en marge de la société. Efficacité de la mise en scène (le docteur Lecter dans sa cage) et remarquable interprétation dominée par Anthony Hopkins.

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

En 1990, Jonathan Demme révolutionne le film de serial killer en adaptant le roman éponyme de Thomas Harris sorti deux ans auparavant. Le film devenu un modèle du genre met en lumière le personnage démoniaque d’Hannibal Lecter, dont les premières traces filmiques remontent à 1986, quand Michael Mann, avec "Le Sixième Sens", avait adapté le premier roman de Harris ("Dragon Rouge"), où le psychiatre cannibale pointait le bout de son nez. Si Michael Mann avait axé son scénario sur la personnalité du policier (William Petersen), dont le comportement vacillait à force de vouloir se pénétrer de la personnalité du tueur, Demme choisit d’articuler tout le suspense de son film autour de la personnalité de Lecter, qui pourtant passera la quasi-totalité du film dans une cellule renforcée.

Jonathan Demme, qui ne s’était essayé qu’une fois au thriller avec "Meurtres en cascade" en 1979, semble ici en maîtriser toutes les ficelles. L’entrée en matière à la prison où est enfermé Lecter est un moment d’anthologie avec un Anthony Hopkins au garde-à-vous, tiré à quatre épingles en totale décalage avec la crasse et le stupre exsudant de tous les autres psychopathes avec lesquels il partage ce couloir de la mort où sont regroupés les pires criminels de l’Etat. Par ce contraste saisissant, Demme montre immédiatement la difficulté à laquelle va devoir s’affronter Clarisse Starling, la jeune stagiaire du FBI (Jodie Foster) qui semble pour le coup avoir été envoyée à l’abattoir par son supérieur hiérarchique. Dès lors une relation ambiguë va se tisser entre la jeune femme et le fin lettré, faite d’un étrange mélange d’attraction et de répulsion qui la mènera face à Buffalo Bill, l’autre criminel, objet de l’enquête. Le scénario enchevêtre de façon très adroite les deux axes principaux du film, la relation entre Lecter et Clarisse d’une part et l’enquête sur Buffalo Bill d’autre part, chacune se nourrissant de l’autre selon le rythme des visites de Clarisse à la prison de Baltimore.

Mais c’est bien sûr le jeu du chat et de la souris entre Lecter et Clarisse qui restera gravé dans les mémoires. Le duo fonctionne si bien que la suite réalisée par Ridley Scott en 2001 souffrira grandement de la défection de Jodie Foster, remplacée par la pourtant excellente Julianne Moore. Avec ce coup de poing dans l’estomac donné au spectateur un peu blasé par les thrillers trop souvent formatés venant d’Hollywood, Demme va décrocher la timbale avec cinq Oscars, qui lui donneront une renommée qu’il ne mettra pas à profit les années suivantes, hormis le remarqué mais un peu opportuniste "Philadelphia" en 1993. Anthony Hopkins est certainement celui à qui "Le Silence des agneaux" a le plus profité, étant régulièrement sollicité pour des rôles de méchants où il peut laisser libre court à son goût pour le cabotinage que l’on sent déjà poindre dans le film de Demme.

Que dire d’autre, sinon qu’à sa suite, "Le Silence des agneaux" a entrainé la production de moult thrillers recyclant les leçons de Demme, décentrant l’axe des thrillers vers l’approfondissement de la personnalité du tueur allant parfois jusqu’à la caricature qu’Anthony Hopkins lui-même se chargera d’initier dans les deux suites des méfaits d’Hannibal Lecter. Il faut au passage noter que la fin du film, en suggérant que Lecter va s’attaquer à l’horrible docteur Frederick Chilton joué par un inénarrable Anthony Heald, est plutôt équivoque, semblant légitimer les crimes d’un héros devenu omniscient et réservant les méfaits de sa démence à ceux qui ont pêché, dans le cas du docteur Chilton par vanité. Enfin, il sera permis d’apprécier les très courtes apparitions de Roger Corman et de Chris Isaak.

Deepfake © Ctrl Shift Face

Le deepfake, ou hypertrucage, est une technique de synthèse d'images basée sur l'intelligence artificielle. Elle sert à superposer des fichiers audio et vidéo existants sur d'autres vidéos (par exemple : le changement de visage et de voix d'une personne). Le terme est un mot-valise formé à partir de deep learning (« apprentissage profond ») et de fake (« faux »).
Ici, pour "Le Silence des agneaux", le visage d'Anthony Hopkins est remplacé par celui de Willem Dafoe et celui de Jodie Foster, par celui de Gillian Anderson, pour interpréter respectivement Hannibal Lecter et Clarice Starling. Les voix entendues sont celles d'imitateurs, qui rejouent les dialogues de la scène.

Le silence des agneaux - Anthony Hopkins et Jodie Foster by Sarah Dunn
Anthony Hopkins et Jodie Foster © Sarah Dunn
Photographie réalisée en 2009 pour les 20 ans du magazine britannique Empire
Le silence des agneaux
Affiche alternative © Grzegorz Domaradzki (Gabz)
Le silence des agneaux
Affiche alternative © Grzegorz Domaradzki (Gabz) (variante)
Affiche alternative © Ken Taylor
Affiche alternative © Pete Majarich
Le silence des agneaux - The Criterion Collection
Blu-ray et DVD The Criterion Collection du "Silence des agneaux"
Le silence des agneaux - Cinefantastique
Couverture du numéro de février 1992 du magazine Cinefantastique © David Voigt
Couverture du numéro hors-série du magazine Rockyrama consacré au "Silence des agneaux"

Le générique du "Silence des agneaux" conçu par l'agence new-yorkaise M & Co. (qui avait déjà créé, cinq ans plus tôt, le générique d'un précédent film de Jonathan Demme, "Dangereuse sous tous rapports")

Le silence des agneaux - générique

Le silence des agneaux - générique

© Last Exit to Nowhere

Baltimore state hospital est le nom de l'établissement psychiatrique dirigé par le Docteur Frederick Chilton (Anthony Heald), dans lequel sont enfermés Hannibal Lecter (Anthony Hopkins) et d'autres fous criminels. Comme son nom l'indique, cet hôpital d’État se situe à Baltimore (État du Maryland).

FilmsFantastiques.com, L'Encyclopédie du Cinéma Fantastique
La chronique de Gilles Penso