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"I See You"

I See You - affiche

titre original "I See You"
année de production 2019
réalisation Adam Randall
scénario Devon Graye
photographie Philipp Blaubach
musique William Arcane
interprétation Helen Hunt, Jon Tenney
   
récompense Prix Ciné+ Frisson au Paris International Fantastic Film Festival 2019

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

Réalisé par Adam Randall, un réalisateur inconnu au bataillon, "I See You" est incontestablement une bonne surprise dans un domaine très référentiel ayant souvent du mal à se renouveler. S'inspirer des grands anciens qui vous ont précédé est sans aucun doute un réflexe normal et plutôt sain. Mais il peut avoir des conséquences assez radicalement différentes. Dans le pire des cas, se transformer en une gangue masquant un manque d’audace ou le plus souvent un manque d’imagination. À l’opposé, servir de point d’appui pour affirmer son point de vue et prendre définitivement son envol créatif.

Cela semble être le cas pour Adam Randall, qui parvient à se sortir d’un exercice difficile, même si le scénario de Devon Graye semble tout de même un peu mécanique et sa mise en scène trop appuyée sur certains effets, finissant par perdre leur efficacité. Très malin, "I See You" nous fait pénétrer au cœur d’une famille dysfonctionnelle, alors que se répètent des enlèvements d’enfants comme quelques années auparavant dans la région. L’inspecteur Greg Harper (Jon Tenney), qui mène l’enquête, est le père de cette famille en pleine crise alors que sa femme (Helen Hunt) vient de le tromper et que leur fils vit très mal la situation.

Pendant la première moitié du film, alors que l’enquête avance mollement, d’étranges phénomènes se produisent au sein de la maison des Harper sans qu’aucune explication ne vienne apporter un soupçon de rationalité, et sans qu’aucun des trois membres de la famille ne s’y attardent, trop occupés par leurs propres angoisses. Le spectateur est tout d’abord intrigué, puis se demande où veut en venir le réalisateur qui semble combler ce vide narratif par des effets de caméra un peu tape à l’œil.

La deuxième partie qui arrive met fin à ce petit jeu de torture chinoise, en lorgnant astucieusement du côté de "Terreur sur la ligne". Consciencieusement, les explications sont livrées une à une, tout en fournissant les éléments utiles à faire avancer l’intrigue jusqu’à son climax tout à fait satisfaisant. Le dernier plan avec la caméra s’élevant du sol donne une forme géométrique d'ensemble, qui donne l’impression assez curieuse d’avoir assisté à un exercice de style plutôt parfaitement orchestré. Sans doute un peu trop, l’ensemble un peu froid manquant d’un poil de surprise, le réalisateur ayant mis son spectateur sur des rails ne lui permettant pas de calquer sur le scénario son propre imaginaire et ses propres peurs.

Probablement trop contents de leur trouvaille scénaristique, Adam Randall et Devon Graye n’ont pas compris qu’enfermés dans cette construction trop parfaite, les personnages auraient du mal à prendre corps. Toutefois, "I See You" regorge de qualités, et l’on peut penser qu’après un premier film réellement prometteur, Adam Randall saura ajuster le tir.

On remarquera la prestation d’Helen Hunt au physique de plus en plus troublant.