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"Gloria" version 1999

Remake du John Cassavetes

Gloria 1999 - affiche

titre original "Gloria"
année de production 1999
réalisation Sidney Lumet
scénario d'après John Cassavetes
photographie David Watkin
musique Howard Shore
interprétation Sharon Stone, Jean-Luke Figueroa, George C. Scott
 
version précédente "Gloria", John Cassavetes, 1980

Curiosité

3 étoiles (sur un maximum de 4 !) dans le Guide des films de Jean Tulard. Précisons que le collaborateur en charge de l'analyse de la quasi-totalité des films avec Sharon Stone est un inconditionnel, un fan absolu de l'actrice. Extrait de la critique de "Gloria" version 1999 : « La volonté de puissance, de combat, le Wille zur Macht de Nietzsche inspire à Sharon Stone ses élans sans doute les plus sublimes. »

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

Il semble clair que Sidney Lumet est un peu en perte de vitesse quand la Columbia lui propose de réaliser un remake de "Gloria", le film de John Cassavetes qui montrait la déambulation d’une call-girl dans différents quartiers de New York après qu’elle a pris en charge un gamin de six ans dont les parents ont été assassinés et dont elle tente de sauver la vie en négociant avec les criminels qu’elle connaît bien pour avoir eu une relation avec leur chef. Sidney Lumet, plutôt à l’aise avec les adaptations d’œuvres littéraires qu’il pratique depuis le début de sa carrière, est en revanche novice quand il s’agit de mettre sa caméra au service d’un remake. On comprend assez vite qu’en lui faisant endosser le rôle tenu par Gena Rowlands dont elle partage la blondeur, il s’agit de tenter de faire enfin décoller la carrière de Miss Stone, stagnant un peu depuis le succès colossal de "Basic Instinct" (1992) qui en avait fait brutalement un sex-symbol mondial.

Le propos est quelque peu actualisé pour lui donner le goût d’une fin de siècle qui approche. Quelques scènes sont ajoutées ou transformées pour rappeler aux fans la fameuse Catherine Tramell du film de Verhoeven qui, les jambes écartées le temps d’un interrogatoire incendiaire, faisait presque tomber en syncope une brochette de flics en perte totale de lucidité. Cette fois-ci, le spectacle s’inverse, Gloria s’offrant un strip-tease masculin avant de s’enfuir avec son nouveau protégé. On sent que Steve Antin, le novice chargé de retoucher le scénario de John Cassavetes, est aux ordres, qui cherche au maximum à mettre la plastique de Sharon Stone en avant, aboutissant à altérer gravement toute l’âpreté du film de Cassavetes qui, lui aussi, ne manquait de défauts narratifs. Tout miser sur une actrice, aussi belle soit-elle, ne fera jamais un grand film. Sharon Stone pouvait être tout à fait convaincante à la condition d’être entourée d’acteurs chevronnés qui lui évitent d’avoir trop de poids sur les épaules. À l’appui de cette assertion, on pourra constater que seules les rares scènes avec George C. Scott redonnent un peu de sens à une intrigue devenue atone.

Qu’est venu faire Sidney Lumet dans cette entreprise qui ne lui ressemble pas vraiment ? Sans doute tenter de convaincre qu’il pouvait encore être aux commandes. Le film sera comme prévu un flop commercial et critique (on ne touche pas impunément au dieu Cassavetes), qui n’empêchera pas le grand Lumet de réaliser un excellent thriller avec "7h58 ce samedi-là" juste avant de tirer sa révérence (le 9 avril 2011) pour rejoindre le paradis des grands réalisateurs américains où il occupe forcément une place de choix.