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"Enragé"

Enragé - affiche

titre original "Unhinged"
année de production 2020
réalisation Derrick Borte
scénario Carl Ellsworth
photographie Brendan Galvin
musique David Buckley
interprétation Russell Crowe, Caren Pistorius

La critique de Sébastien Miguel pour Plans Américains

Un début en hommage à "Duel". Et puis une série B qui bascule dans l'amoncellement de conventions et de violences gratuites... Malgré une interprétation impressionnante (Caren Pistorius excellente et Russell Crowe monstrueux), on finit par trouver tout ça très pénible !

La critique de Didier Koch pour Plans Américains

Russell Crowe a désormais à son actif, avec plus de quarante films au compteur, une palette de rôles très large. Comme il l’évoque lui-même, la motivation vient parfois à manquer, étant de moins en moins surpris par les scénarios qu’on lui propose. Sa prise de poids très conséquente lui offre aussi moins de possibilités.

Quand le scénario d’"Enragé" lui parvient après que Nicolas Cage a décliné sa participation, il sent rapidement qu’enfin de nouveau, il tient quelque chose pouvant l'emmener sur des rives jusqu’alors inconnues. À tel point que, d’abord choqué par la violence qui habite Tom Cooper, quidam ayant complétement rompu les amarres et déterminé à mourir à travers une vengeance sociale aveugle, fauchant le plus « d’asservis » possible, il songe à refuser d’endosser un rôle si loin de lui-même.

Il accepte finalement de marcher dans les pas de Michael Douglas qui, près de trente ans plus tôt dans "Chute libre", empruntait un chemin suicidaire similaire, mais dont les origines étaient davantage cernées. Ici, hormis l’incipit qui donne à penser que le forcené a d’abord tué sa famille avant de prendre la route à bord de son énorme pick-up, plus rien ne viendra jamais expliciter les motivations de celui qui est devenu rien d’autre qu’une force démoniaque qui va. La pauvre Rachel Hunter (Caren Pistorius), coiffeuse à domicile en plein stress à cause de son divorce, a juste eu le tort de se trouver sur son passage au mauvais moment.

Le film mis en scène par Derrick Borte, réalisateur de séries B à petit budget, suit dès lors une trajectoire rectiligne dont on devine rapidement l’issue. Le spectateur peut juste se raccrocher à la lutte de Caren, petit Chaperon Rouge face à un énorme méchant loup, auquel Russell Crowe, avec son physique désormais « falstaffien » rappelant celui du grand Orson Welles, prête toute sa hargne professionnelle.

Un film éprouvant qui rebutera forcément ceux que l'exposition d'une violence gratuite révulse, mais pourra fasciner malgré tout par l’animalité d’un Russell Crowe terrifiant.

Enragé - affiche